Logiciels métiers et accès au RSW

D’AUTRES (*) SOFTS TRACENT LA VOIE

Deux logiciels métiers, l’un destiné aux kinésithérapeutes, l’autre aux dentistes, viennent de concrétiser la connexion directe au Réseau Santé Wallon (RSW). Ils rejoignent ainsi un soft infirmier qui, en pionnier, avait sauté le pas l’an passé. Ce qui veut dire : finie, la « gymnastique » informatique pour leurs usagers, ils entrent dans le Réseau sans sortir de leur programme. Interview de managers qui soulignent chacun viser la simplicité.

Le Réseau Santé Wallon (RSW), par vocation, encourage l’échange électronique des données de santé. Il voudrait injecter dans ce partage une dose croissante de multidisciplinarité. En d’autres termes, assurer de plus en plus aux soignants non médecins l’accès aux infos dont ils ont besoin pour optimiser leurs propres interventions.

Que l’infirmier spécialisé accompagnant un diabétique en trajet de soins accède désormais au rapport de l’endocrinologue ou que l’infirmier à domicile en charge d’un patient atteint de covid-19 puisse consulter le rapport SafeLink (rapports tous deux postés sur le RSW) reflète une évolution des mentalités.

Mais un écueil, purement technique pour sa part, peut freiner le mouvement. Dans la plupart des métiers de première ligne, il n’est pas (encore…) possible d’accéder au RSW à partir de son programme de gestion des dossiers patients. Il faut en sortir, puis se connecter en s’authentifiant au portail du RSW (www.rsw.be). Bref, une couche supplémentaire de manœuvres qui peut décourager de nombreux prestataires – voire donner l’impression que leur corps de métier est plutôt tiède vis-à-vis des réseaux de santé.

Cet été 2020 est à marquer d’une pierre blanche, puisqu’on note l’apparition coup sur coup d’une connexion directe au RSW chez deux logiciels métiers, l’un pour les kinés, l’autre pour des dentistes (*). Leurs responsables nous commentent ce ‘franchissement de cap’.

Du temps à consacrer au patient

Régis Verschueren est Business Unit Manager Care chez Corilus. Dans la gamme de produits de la firme figure un logiciel pour les kinésithérapeutes, CareConnect Physiotherapist. Lancé en 2019, « il s’appuie sur notre expertise des logiciels pour d’autres professions de soins. La connexion avec le RSW est une réalité depuis le mois dernier. Cette nouvelle étape s’inscrit dans la vision générale que nous soutenons : tout intégrer à un soft, tant le volet facturation que celui de la gestion des soins, et simplifier le travail du prestataire – ce qui dégage du temps qu’il consacre au patient. Notre motivation est aussi de tendre vers le ‘connected healthcare’, les soins connectés, où différents acteurs sont reliés, avec leur patient au centre. »

« CareConnect Physiotherapist a connu l’intégration des services eHealth et MyCareNet. A présent, ses usagers peuvent se connecter sur le RSW sans quitter leur environnement de travail. Nous proposons aux kinés de communiquer avec leur patient via la plateforme Helena. Et à partir de 2021, il y aura digitalisation des accords de remboursement qu’ils obtiennent des mutuelles », énumère le manager.

« La connexion établie avec le RSW va dans les deux sens. Le kiné peut d’office consulter les rapports de ses confrères, et les notes de journal du RSW, mais aussi en écrire. Le patient pourra à l’avenir lui donner des accès complémentaires vers certains documents qui y sont disponibles (complémentaires par rapport à la matrice ‘normale’ des accès du RSW). D’autres améliorations sont en chantier, comme une automatisation au niveau du lien thérapeutique. »

Corilus dit avoir perçu parmi les kinés une attente vis-à-vis de cette connexion directe. « C’était une remarque que des clients nous ont faite dès lancement de notre produit, et qui a été confortée par des discussions avec l’association professionnelle Axxon. »

Valse à deux temps

Jacob Amzel est à la barre de DentaSoft. Née il y a +/- 10 ans, la firme s’est d’abord orientée vers les logiciels pour labos dentaires. « De fil en aiguille, et forts de cette connaissance, nous nous sommes lancés dans le créneau des softs pour dentistes, qu’ils exercent en solo ou en réseaux multisites avec assistants et secrétaires. »

Le produit qui leur est destiné s’appelle ‘e-Dent’. Il a vécu des salves successives d’affinage, dont une réécriture complète il y a 4 ans – « on est repartis d’une page blanche » - et s’est récemment paré d’un nouveau lay-out. Objectif déclaré : « garantir une réelle simplicité d’emploi ». Avec pour résultat, selon le CEO de Dentasoft, une augmentation significative du nombre de dentistes usagers. « Une caractéristique nous distingue, sur le marché : nous ne faisons pas appel à des prestataires intermédiaires pour accéder aux services d’e-santé, nous avons développé nos propres connecteurs. »

La connexion avec le RSW date de juillet. « Nous avons délibérément choisi de nous concentrer sur un seul versant de la connexion. e-Dent permet de lire une carte e-ID, de créer un lien thérapeutique, d’aller chercher sur le RSW les données venant des hôpitaux, les schémas de médication, les sumehrs des médecins traitants… Sans sortir de son programme, le dentiste obtient une vue globale de tout ce que le RSW met à sa disposition - selon les règles d’accès d’usage par profession. »

En revanche, l’utilisateur d’e-Dent ne peut pas ajouter de contenus. Pas encore, du moins. « Parler d’informatique aux dentistes, c’est comme leur parler d’astrophysique. Et beaucoup ont toujours ce sentiment d’avoir été forcés de s’y mettre. On préfère qu’ils s’habituent peu à peu à recevoir de l’info - savoir qu’une pano a été faite à l’hôpital, voir quels médicaments exactement prend le patient… - avant de poursuivre le développement et permettre d’en émettre. »

(*) le logiciel infirmier Wivine avait sauté le pas l’été dernier

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