Téléconsultation
QU’EN PENSENT LES PATIENTS BELGES ?
La téléconsultation ne passe pas mal, mais doit dans l’esprit de la population rester l’exception qui confirme la règle du contact physique. C’est là l’un des enseignements clefs d’une vaste enquête menée par les mutualités auprès de milliers d’affiliés ayant bénéficié d’un acte (para)médical à distance durant la 1ère vague de la crise covid. La sécurité des échanges a-t-elle taraudé ces patients ?
L’Inami a recensé plus de 3,8 millions de consultations à distance facturées entre mars et mai 2020. L’exercice à distance avait été ouvert à une douzaine de types de prestataires : médecin généraliste, spécialiste, psychiatre (*), psychologue, dentiste, kinésithérapeute, logopède, infirmier/ère en diabétologie, éducateur en diabétologie, diététicien, ergothérapeute et sage-femme. Environ 8 questionnaires remplis sur 10 (78%) concernaient des généralistes, 11% des spécialistes, 4% des psychiatres et 3% des psychologues. Viennent ensuite les dentistes, kinés et logopèdes, avec 1% respectivement.
Questions administratives et suivi
Dans 53% des cas, l’initiative d’une téléconsultation venait du dispensateur. 64% de ces contacts n’ont pas remplacé une consultation physique prévue à l’avance (chez les spécialistes, psychiatres et psychologues, toutefois, il s’agissait d’un remplacement 3 fois sur 4).
Si plus de ¾ des répondants se sont déclarés (très) satisfaits d’avoir téléconsulté, ils se montrent plus nuancés quant à l’avenir à réserver à ce modus operandi. 80% affirment qu'une consultation physique reste la solution la plus souhaitable. Il n’empêche qu’à 86%, ils trouvent le contact à distance « particulièrement utile » pour obtenir une prescription de médicaments, et à 74% un conseil rapide pour un problème urgent ou le suivi d'un problème connu. La téléconsultation est jugée moins appropriée, par contre, à l’analyse d’une nouvelle plainte.
Sécurisé, votre contact par écrans ?
Quels sont les canaux que ces consultations à distance ont empruntés, au printemps dernier ? Pas besoin de photo finish : le téléphone l’emporte, à 95%. Exceptions au tableau : chez les psychiatres et les psychologues, 33% et 62% des téléconsultations ont eu lieu par vidéo.
A-t-on fait appel, pour y procéder, à des systèmes sécurisés, garants de la confidentialité des échanges ? Pour mémoire, des instances comme la Task Force ‘Data & Technology against Corona’ ont gardé à l’œil jusque mi-mai les appli santé qui sont apparues ou se sont étoffées durant la crise, énumérant les plates-formes de consultation à distance à recommander ou à éviter.
De son côté, e-santewallonie vous avait préparé dès mars un comparatif des outils de téléconsultation, synthétisant des infos selon la nature du contact (téléconsultation mais aussi téléconférence, petite ou grande réunion…), l’existence d’un cryptage, la disponibilité sur smartphone… Il se trouve désormais sur la plateforme LXP d’e-santewallonie dont on vous parle plus loin.
L’enquête des mutualités établit que les vidéo-consultations rapportées par les participants ont quasi aux 2/3 recouru à un trio de systèmes qui ne répondent pas ou de façon incomplète aux conditions minimales en matière de protection des données confidentielles : WhatsApp (28%), Zoom (20%) et Skype (16%).
Cet aspect de sécurité de la téléconsultation taraude-t-il les Belges ? Pas trop, à lire les pourcentages relevés par les mutuelles : 20% des répondants indiquent ne pas encore s’être posé la question, 73% ne pas être inquiets, et 7% être inquiets. Sur ce (petit) nombre, 43% disent craindre que des tiers puissent suivre la conversation et 40% s’alarment de la fiabilité de l’application ou du site.
(*) spécialité où la rétribution était de 20 à 200 € selon le contenu de la téléconsultation, tandis que les autres spécialistes percevaient 20 €.
Coming soon
COMMENT CONDUIRE UNE VIDÉO-CONSULTATION EN MÉDECINE GÉNÉRALE ?
Durant le confinement, les généralistes se sont mis vaille que vaille à la médecine à distance. Au talent, sans pouvoir s’appuyer sur des recommandations éprouvées en la matière. Or, c’est une évidence, on ne conduit pas une visio-consultation comme un contact live. Fin 2020-début 2021, e-santewallonie lancera, en partenariat avec un/des départements universitaires de médecine générale et la Société scientifique de médecine générale, une formation inédite sur la question. Des détails sur ce projet précurseur dans notre prochaine édition.
« PRÉVOIR DES ALTERNATIVES »
La LUSS, la coupole francophone des associations de patients, a rassemblé 300 témoignages sur des situations « inadmissibles ou indignes » vécues durant le confinement. Ils servent de trame à un plaidoyer au titre explicite : « Pour que ça n’arrive plus… ». Au chapitre de la continuité des soins, la LUSS exprime une requête par rapport à la télémédecine : prévoir des alternatives aux consultations téléphoniques et vidéo pour ceux qui le souhaitent, qui sont victimes de la fracture numérique ou qui sont hébergés en institution. La coupole préconise aussi d’intégrer, dans l’évaluation de l’organisation des soins durant la crise, celle de l’impact de l’arrêt des consultations, de la rupture des contacts et de la prise en charge distancielle.
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