eHealth
L’étude annuelle eHealth Monitor sur le taux de connaissance et d’utilisation des applications d’e-santé par les professionnels de santé a mis en lumière des carences - et attentes - en termes d’informations et de formations.
Le rapport eHealth Monitor, enquête annuelle réalisée par l’IMEC à la demande des autorités fédérales et régionales sur la connaissance et l’utilisation des applications d’e-santé (essentiellement les solutions de la plate-forme eHealth fédérale), a rendu son verdict. Sur base des chiffres récoltés en 2019. Et il résonne comme une confirmation d’un grand besoin d’information et de formation de la part des professionnels de soins.
Non seulement, la demande en est clairement exprimée mais les chiffres sont éloquents.
98,8% des généralistes interrogés (714 au total, dans l’ensemble du pays) utilisent un logiciel pour gérer le dossier de leur patient. Qu’en est-il des services proposés par la plate-forme eHealth?
Pour ce qui est de la fréquence d’utilisation, le champion toutes catégories est la solution Recip-e (95,1% d’utilisation journalière), suivi par eAttest (90%), eFact (89%) et le Sumehr (51%).
Voyons cela dans le détail pour les médecins généralistes wallons (taux d’utilisation)
- Recip-e: 96,6% en Wallonie
- MyCareNet: 94%
- SumEHR: 86,1%
- eFact (*): 77,6%
- eAttest: 67%
- MyHandicap (*): 58,2%
- Vaccinet/e-vax: 54%
Les moins utilisés?
- Schéma de médication: 40,9% ; 24,5% disent même le méconnaître totalement
- Evidence Linker (*): 41,4% ; 29,1% n’en connaissent pas l’existence
- UPPAD (*): 33,8 ; 47,2 % ne le connaissent pas
Parmi les problèmes signalés, citons par exemple des incompatibilités entre le service et le logiciel utilisé par les professionnels de terrain, un service eHealth manquant de stabilité ou de convivialité, ou qui est perçu comme trop complexe.
Une demande explicite
Pour certaines des raisons invoquées, il semble évident qu’une formation pourrait s’avérer utile. 59,6% des médecins généralistes wallons interrogés ont ainsi indiqué qu’ils auraient besoin de davantage de formations sur l’utilisation des services eHealth. Un pourcentage sensiblement plus élevé que la moyenne nationale (43,9%).
Autres attentes exprimées: la mise à disposition de documents ou de support pouvant les aider à utiliser ces solutions dans leur cadre professionnel. C’est une attente formulée par 53,2% des généralistes wallons. 56% d’entre eux pointent en outre l’intérêt qu’il y aurait à disposer de matériels et de supports leur permettant de mieux informer leurs patients au sujet de l’utilisation des services e-santé publics.
Ce qui amène les auteurs du rapport Health Monitor à conclure: "La communication au sujet des applications disponibles, de la mise en oeuvre de nouvelles applications et des formations disponibles pour apprendre à travailler à l’aide de ces applications, n’est pas suffisante.
En organisant davantage de formations et en communiquant sur les fonctionnalités, leur utilisation s’en verrait stimulée, étant donné que l’absence d’utilisation est souvent attribuée au fait de ne pas connaître une application ou de ne pas en connaître les avantages.”
Le taux de méconnaissance de l’existence-même de certains services ou de leur utilité indique en effet qu’un gros effort de communication doit être effectué. Il est interpelant que 24,5% des généralistes wallons disent ne pas connaître l’existence du schéma de médication. Idem pour l’existence d’UPPAD.
A noter que trois généralistes sur quatre ont déclaré qu’ils désireraient utiliser les services dont ils ne connaissaient jusqu’à présent pas l’existence…
On note bien évidemment quelques différences selon le service concerné ou la région du pays d’où émane la réponse. Mais pour la Wallonie par exemple, 88% des généralistes qui ne connaissaient pas l’existence du schéma de médication disent souhaiter l’utiliser.
Autre question posée dans le cadre de l’enquête: à qui incombe essentiellement la charge d’informer le patient de l’existence d’un portail Santé [par exemple le Réseau Santé Wallon] contenant ses données personnelles de santé?
Les avis des généralistes interrogés divergent. Voici la répartition de leurs réponses: le généraliste: 46,5% ; le gouvernement: 77,9% ; une mutuelle: 39,8% ; le patient lui-même: 8,4%.
Qui doit expliquer au patient comment consulter ses données de santé sur le portail public?
Généraliste: 29,2% ; gouvernement: 75,7% ; mutuelle: 41,2% ; le patient lui-même: 8%.
A noter que, pour ces deux questions, les généralistes flamands sont davantage partisans de confier la tâche au gouvernement et, dans une moindre mesure, aux mutuelles.
(*) De quoi parle-t-on? Petit rappel…
eFact: facturation électronique dans le cadre du tiers payant
Evidence Linker: logiciel établissant un lien entre un diagnostic et les recommandations et guides de bonnes pratiques disponibles sur la plate-forme EBM PracticeNet
UPPAD (Unique Portal for Professionals for Administrative Data): point d'accès unique qui permet aux prestataires de soins de consulter (et éventuellement de modifier) les données les concernant telles qu’enregistrées par les autorités publiques
MyHandicap: consultation des dossiers de la Direction Générale Personnes Handicapées
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