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N° 52 - Novembre 2021

Dématérialisation

QUELS CONSTATS, APRÈS 6 SEMAINES ?

Depuis la mi-septembre, la Belgique s’est engagée dans la numérisation totale du processus de prescription de médicaments au patient non hospitalisé. On parle de « dématérialisation ». Celle-ci concerne les prescripteurs (généralistes, spécialistes, dentistes et sage-femmes), les pharmaciens et - bien sûr - les patients, qui vous poseront sans doute des questions sur cette nouvelle étape. A-t-elle déjà trouvé son public ? Le point avec la directrice de Recip-e, Katrien Thorré.

e-santewallonie avait, dès la rentrée, organisé avec Abrumet des webinaires didactiques sur le sujet. Ils ont eu un franc succès, attirant plus d’un millier de participants. Au micro, Katrien Thorré, de Recip-e, pour présenter l’entrée dans l’ère paperless, suivie de Jeroen de Wilde, de l’Inami, qui a détaillé le projet Vidis (qui concerne le schéma de médication).

e-santewallonie vous permet, sur son site, de visionner en différé cette séance ainsi que les présentations des intervenants (actualisées au 27/10 pour ce qui est de la dématérialisation). Il référence aussi des documents officiels (Inami…) et les assortit de FAQ.

Pour faire court, sachant que des tas de détails supplémentaires vous attendent dans ces documents, disons que :



  • la dématérialisation, c’est le fait pour le patient qui est d’accord de sortir d’un cabinet médical avec des médicaments prescrits mais zéro papier en poche, pas même une preuve imprimée de la prescription électronique;
  • « faute de papier » si on peut dire, il retirera ses médicaments en officine grâce à sa carte d’identité électronique, son numéro NISS (si sa carte a été lue par la pharmacie depuis moins de 15 mois), ou une preuve de prescription de format digital (sur son smartphone, obtenue via www.masante.be ou via une app du secteur logiciel privé);

  • un « VISI-flag », ou privacy flag, peut désormais être appliqué par le prescripteur ou le patient lui-même à une ordonnance électronique, qui conditionne le fait que son contenu est visible par toutes ou aucune pharmacie.

« Mon espoir ? Que tout le monde soit content qu’on en soit arrivé là ! »

Six semaines se sont écoulées depuis l’avènement de la dématérialisation. Quels sont les constats posés à ce stade par l’asbl Recip-e ? Katrien Thorré, sa directrice, pharmacienne de formation, nous éclaire.

« Le cap a été franchi sans encombre et nous en sommes très contents », commente-t-elle d’emblée. Elle pointe le décalage entre les pharmaciens et les prescripteurs au niveau des calendriers de mise en œuvre de la dématérialisation, permettant une implémentation graduelle. « Les patients pouvaient déjà se rendre en officine munis de leur seule carte d’identité depuis le 1er/6. Mais nous n’avions pas communiqué vers le public à ce sujet, attendant que les logiciels des médecins permettent l’ajout du VISI-flag. Maintenant, c’est fait. Et depuis le 15/9, les prescripteurs peuvent, avec l’accord du patient, ne plus imprimer de preuve de prescription. »

Katrien Thorré se félicite des échanges constructifs avec les stakeholders concernés et leurs maisons de softs, qui ont permis d’opérationnaliser le dispositif. C’est ainsi par exemple qu’une étude pilote s’appuyant sur des pharmaciens testeurs avait permis, avant lancement, de peaufiner le fonctionnement du ‘circuit’.

Recip-e a-t-il recueilli des réactions, positives ou négatives, sur la dématérialisation ? « Oui, comme tout changement, elle a suscité des commentaires », confirme la directrice. Elle distingue ceux des prescripteurs, des pharmaciens et des patients. Pour ce qui est des médecins, notre interlocutrice pense « qu’ils sont ravis de ne plus devoir imprimer ni d’être dérangés en cas de perte de la preuve par le patient ». Pour leur part, les pharmaciens apprécient de « pouvoir mieux conseiller les clients qui leur présentent leur carte d’identité puisqu’ils disposent alors d’une vue d’ensemble sur toutes les prescriptions ouvertes les concernant. » Quant au public, « nous avons eu de bons retours de la part des patients, surtout les plus jeunes, déjà rodés au numérique, au principe de s’authentifier via Itsme® ».

La crise, terrain d’apprentissage

« Le système offre aux gens des possibilités de gestion de leurs prescriptions. Il place le patient davantage aux commandes. Le ‘patient digital’ va trouver son chemin dans cet univers numérisé. On peut dire d’ailleurs que la crise sanitaire aura facilité l’avènement de la dématérialisation car les citoyens ont appris, par exemple, à obtenir en ligne des demandes ou des résultats de tests, ou à télécharger des certificats covid sur les sites gouvernementaux. On a vu une augmentation du trafic sur masanté.be, aussi au niveau de la consultation des prescriptions ouvertes. Celle-ci baisse, à présent, mais le nombre de visiteurs uniques, lui, augmente. »

Quant au ‘patient non digital’, poursuit-elle, il peut toujours montrer son eID en pharmacie. Recip-e a constaté qu’en septembre 2021, +/- 40% des prescriptions électroniques extraites de son serveur par les pharmaciens belges l’avaient été par le biais de la présentation de la carte eID ou du numéro NISS du patient.

De la comm’ à venir

Bien sûr, il reste du chemin à parcourir. Recip-e sait par exemple qu’il faudra encore affiner le dispositif techniquement - par exemple mieux accorder les logiciels des uns et des autres, pour éviter des différences troublantes de visualisation. Katrien Thorré signale un développement à venir : la possibilité pour le patient de réserver un/des médicaments dans une officine précise en mettant ses coordonnées. « Ce sera en production d’ici un mois ou deux. » La directrice indique encore que plus d’apps deviennent peu à peu disponibles pour les patients qui veulent une preuve numérique.

L’asbl compte bien répéter les messages de base pour dissiper les zones d’ombre, dont le fait que les protagonistes de la chaîne de l’e-prescription (les prescripteurs, les pharmaciens,les patients) « sont tous sur la même base de données, avec des accès contrôlés ».

Katrien Thorré admet aussi que, pour le moment, le nombre de médecins plaçant un VISI-flag sur une ordonnance est limité. Ce sont plutôt les patients qui se servent de la fonctionnalité, et encore, son emploi reste globalement faible. Mettre en exergue cette nouveauté fera donc partie des messages à répéter …


Par défaut, le VISI- flag est ouvert (toutes les pharmacies peuvent voir le contenu de la prescription). On peut le fermer. Le patient devra alors aller avec une preuve papier ou une preuve digitale de la prescription électronique à la pharmacie (print remis par le prescripteur/ impression par ses soins/ smartphone). Le changement de VISI-flag est fait par le prescripteur à la création de la prescription, à la demande du patient (il peut être opéré par la suite également).

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