2022, année digitale pour la kinésithérapie

DES CAPS INFORMATIQUES ATTENDUS

2022 sera synonyme, pour les kinésithérapeutes, d’informatisation accrue de leur pratique. Par la digitalisation des notifications d’accords avec les OA ou encore l’accès aux circuits de facturation électronique, le tout via leur logiciel métier, c’est un allégement de la charge administrative qui se profile. Encore faut-il se préparer à cette gestion. Les éclaircissements de Fabienne Van Dooren, directrice générale de l’organisation professionnelle Axxon.

A la suite du retard affiché par deux mutualités, un report s’annonce dans le programme qui était initialement tracé, avec un démarrage postposé de février à mai 2022. Ce qui est prévu ? « Un premier volet consiste en la numérisation, via nos softs, de nos accords de prise en charge de patients avec les mutuelles. Les critères d’homologation de ces logiciels ont été revus cet été, le principe étant que, via un accès direct à MyCareNet, les kinésithérapeutes puissent s’épargner à l’avenir des tâches comme imprimer, poster les documents… Bref, de quoi leur simplifier la vie administrative, et c’est d’autant plus appréciable que pas mal d’entre eux nous rapportent un certain flottement, depuis le covid, dans les échanges avec les mutualités. » Est-ce le reflet d’un déforcement des effectifs ? Du télétravail ? Toujours est-il que celles-ci « semblent actuellement réclamer nombre d’infos complémentaires qu’elles pourraient retrouver dans leurs propres archives… »

A la séance

Second volet annoncé par la patronne d’Axxon, qui n’occulte pas qu’il nécessitera un changement de mentalités à la fois parmi ses collègues et la patientèle : la tarification. « Nous allons avoir, comme les médecins depuis un certain temps, et toujours directement via nos softs, accès aux filières de facturation digitales e-Fact et e-Attest. » Une modification va toutefois conditionner de nouvelles habitudes : la facturation devra se faire séance après séance, sans que l’on (ac)cumule les montants dus sur, parfois, de longues périodes. Une évolution que Fabienne Van Dooren juge tout à fait surmontable moyennant une bonne campagne d’information des patients. Il faudra leur remettre à l’esprit un système qu’ils expérimentent déjà - manifestement avec satisfaction - chez leurs médecins traitants. « Les kinésithérapeutes pourront procéder en tiers payant. Nous revendiquons toutefois d’être honorés avec la même rapidité que les généralistes. Nous serons aussi attentifs à obtenir de la clarté dans les retours à propos de quel paiement se rapporte à quel patient, pour ne pas embrouiller notre gestion. » Mise en œuvre de ce modus operandi : mai également.

Le troisième volet, qui devrait nécessiter plus de temps d’implémentation, sera la digitalisation des prescriptions de soins, comme chez les infirmières. « L’échéance n’est pas fixée, on peut l’espérer pour le troisième trimestre 2023. »

Ne pas trainer en chemin

Message récurrent de notre interlocutrice à la profession : se préparer à temps à ces changements, ne pas se contenter de posséder un logiciel métier dans l’optique de prétendre à la prime informatique, mais apprendre à en tirer le plein potentiel, et ce avant toute notion d’obligation. « Ces premiers volets amorcent indéniablement une facilitation des tâches administratives. Cela étant, les systèmes anciens et nouveaux vont, c’est vrai, cohabiter durant une période transitoire. MyCareNet nous donnera à terme une vue globale, un décompte des séances des patients - y compris de ceux qui font du ‘shopping’ - mais le système ne sera pas totalement abouti avant +/- deux ans. Raison de plus pour ne pas attendre la dernière minute pour se familiariser avec les outils. »

Aux non-pressés, elle rétorque qu’ils possèdent un numéro à la BCE, la Banque-Carrefour des Entreprises. Ils constituent de la sorte - même s’ils sont seuls - des mini-sociétés. A eux d’en tenir les rênes et ce, en s’inscrivant dans l’informatisation qui est désormais attendue de tous les secteurs d’activités, quand bien même ils se revendiquent d’un métier dont l’essence est de toucher les gens, non l’écran. « Peut-être verra-t-on des collègues partir anticipativement à la retraite, comme observé dans les rangs des médecins. C’est leur choix. En tout cas, faire du last minute dans l’apprentissage du digital n’est pas le meilleur des plans. »

C’est bien toute la raison d’être du projet e-santewallonie, que d’accompagner les professionnels à une bonne utilisation des outils d’e-santé.