Téléconsultation
LES CONSTATS DE LA FRANCE
L’Ordre des médecins français a sorti un numéro spécial digital de 80 pages intitulé « Santé : la révolution numérique ». Il est truffé d’analyses d’experts sur diverses facettes de l’informatisation de la médecine et du partage des données. A l’heure où la Belgique bruisse de réflexions à propos du cadre structurel à conférer à la téléconsultation, c’est instructif de lorgner, par-delà la frontière, sur l’expérience de nos voisins en la matière. Manifestement, ceux-ci estiment que « la téléconsultation est une chance à saisir ».
Pour toute clarté, c’est en 2018 déjà que, chez eux, la téléconsultation remboursable est entrée, moyennant certaines conditions, dans l’arsenal d’outils possibles du médecin. Elle n’a donc pas été créée aux premiers assauts ou spécifiquement pour le covid. Du reste, quand on parle de ‘téléconsultations’, la France a choisi de se concentrer sur celles avec liaison vidéo et non sur les coups de téléphone.
D’après ce que rapporte le hors-série ordinal, le pays a, avec le covid, assisté à l’émergence d’une pratique qui, jusque-là, n’avait pas trouvé son public : « seule une infime minorité de praticiens y recourait, et les patients n’avaient donc pas accès à cette nouvelle façon d’envisager la relation avec leur médecin. Dans une période où nombre d’entre eux, par crainte d’être contaminés ou tout simplement de déranger, ont renoncé à tout suivi, la téléconsultation est apparue comme un outil permettant d’assurer la continuité des soins&nbps;» (A-S Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses). Reste à présent, selon elle, à profiter de l’expérience engrangée pour que ce nouvel outil permette également d’améliorer la prise en charge de millions de citoyens vivant dans un désert médical.
Décollage sans précédent
« La crise a entrainé le décollage sans précédent de la téléconsultation » (Dr Y-M Le Douarin, conseiller télésanté au ministère de la Santé au plus fort de la pandémie). « Avant le covid et alors que la téléconsultation était entrée dans le droit commun en 2018, on n’enregistrait que 10.000 à 15.000 actes par mois. En 2020, nous en avons recensé 17 millions. » Selon lui, les médecins ont découvert les outils de prise en charge distancielle en même temps que la maladie. Aujourd’hui, le flux de téléconsultations a ralenti, sans come-back total à la situation antérieure. « Nous devons continuer à nous mobiliser collectivement pour accompagner tous les professionnels de santé dans leurs cheminements personnels afin qu’ils appréhendent concrètement ce que peut apporter la télémédecine dans leur quotidien, et qu’ils aient toutes les cartes pour ajouter la téléconsultation à leurs pratiques. »
Apprendre à alterner présentiel et distanciel
Insuffisamment préparés par leurs études, les médecins français ont souvent raté leur première expérience de téléconsultation, en ont gardé un mauvais souvenir, tandis que dans le contexte du confinement, la méthode a été trop souvent identifiée comme une solution par défaut. « Pourtant sa plus-value est d’optimiser la qualité des soins des patients » (L Canipel et Pr N Salles, ex-coprésidentes de la Société française de société digitale). Il faut qu’ils apprennent à alterner présentiel et distanciel dans leurs pratiques.
D’où la pertinence d’un accompagnement, via des initiatives des pouvoirs publics (par exemple des programmes de formation à venir e.a. de la DGOS, la Direction générale de l’offre de soins, avec les Régions). Histoire de les rassurer, leur apprendre à s’organiser différemment et à savoir s’interroger en permanence sur le bien-fondé d’opter, dans telle ou telle circonstance, pour l’acte avec contact physique ou celui par écran interposé.
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