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N° 57 - Avril 2022

MoveUP

LA PREMIÈRE APPLICATION MÉDICALE REMBOURSÉE

MoveUP est la toute première application belge officiellement remboursée par l’Inami. Le Comité de l’assurance avait donné son feu vert pour le remboursement des applications mobiles santé en janvier dernier.

MoveUP a pour objectif d’accompagner les patients et les soignants après la pose une prothèse primaire totale de hanche ou de genou grâce à un coaching personnalisé et des exercices avant et après l’opération. Une application qui permettrait d’économiser la bagatelle de 27 millions d’euros à la sécurité sociale, selon la start-up gantoise à l’origine de l’application. Le remboursement spécifique se fait via une convention entre l’Inami et les prestataires de soins (hôpitaux et kinés).

L’application a eu droit à une présentation auprès des kinés, dans un récent webinaire organisé par Axxon, l’association de défense professionnelle représentative de la kinésithérapie en Belgique. Cette dernière se dit globalement intéressée et consciente que les applications mobiles vont se multiplier dans l’avenir et voudrait bien être activement impliquée lorsqu’il s’agit d’application de télérééducation. « Pour nous, la présence physique du kinésithérapeute aux côtés de son patient est incontournable, mais ces applications seront de beaux compléments et si elles sont bien utilisées, cela garantira une rééducation de qualité. »

Pas encore au bout du chemin

Pour que le remboursement d’une application médicale soit acté, la Belgique se base sur une pyramide de validation élaborée de concert avec beMedTech, Agoria et l’Inami. La pyramide comporte trois niveaux : M1 (dispositif médical certifié CE), M2 (interopérabilité et connectivité avec les services de base de la plateforme eHealth) et M3 (preuve de plus-value socio-économique pour la société et financement de l’Inami). Plus les applications veulent monter dans la pyramide, plus les conditions qu'elles doivent remplir sont strictes.

MoveUp est au sein du dernier niveau de validation. Cependant, pour que le financement soit structurel, l’application doit passer un dernier palier et collecter encore des données sur ses avantages pour la santé. Lorsque l’application de la catégorie aura prouvé sa valeur ajoutée, elle pourra se retrouver dans la catégorie M3+ et être structurellement remboursée. « Le gouvernement ne remboursera jamais une application en tant que telle, mais il remboursera son utilisation dans le cadre d'un certain processus de soins », justifie mHealth Belgium. « Cela nécessite souvent un ajustement du financement du processus de soins en question. On s'attend à ce que le gouvernement revoie divers processus de soins dans les mois et années à venir afin d'y donner une place officielle à l'utilisation des applications médicales et autres formes de technologies numériques de santé. »

À noter que deux autres applications sont en lice pour être remboursées et ont déjà reçu une évaluation positive du gouvernement, l'une pour la thérapie du sommeil et l'autre pour l'oncologie. L’Inami est en train de réviser les parcours de soins en matière de thérapie du sommeil et d'oncologie pour faire de la place à l'utilisation des apps en question.

Revoir le système de financement

Chez beMedTech, on se félicite de cet acte pionnier. Mais on souligne également que la percée de la santé mobile n’a pas encore eu lieu dans notre pays. « Nous espérons que la décision à propos de MoveUP changera bientôt cette situation. Aujourd'hui, il existe de nombreuses solutions technologiques qui peuvent aider les patients et les prestataires de soins de santé, mais les règles de financement actuelles rendent leur introduction sur le terrain très difficile. »

L’analyse de Marnix Denys, directeur général de beMedTech, est à cet égard intéressante. « C'est une conséquence du système, de la façon dont nos soins de santé sont financés. Le gouvernement veut donner une place aux solutions innovantes comme l'application médicale dans les soins de santé, mais se heurte à un système de financement encore très axé sur la performance. Aujourd'hui, les soins de santé sont presque toujours un processus dans lequel les prestataires de soins accompagnent les patients sur une période plus longue. Il existe de nombreuses solutions technologiques qui peuvent aider les prestataires de soins de santé et les patients, par exemple pour surveiller l'état des patients, pour permettre un suivi à distance, pour soutenir les patients dans leur observance thérapeutique, etc... Mais nous avons du mal à donner à ces outils une application pratique. Et nous peinons à donner à ces outils une place dans notre financement conçu de manière classique. »

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