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N° 58 - Mai 2022

GovApp

Le pari win-win de GovApp : plus de sécurité dans la transmission des messages et moins de dépenses publiques

Le 2 mai dernier, la CIM Santé publique annonçait le lancement de GovApp, une application qui permet de recevoir des notifications des autorités publiques à la fois plus rapidement mais aussi plus sûrement. À la manœuvre, un homme bien connu du monde de l’e-santé : Frank Robben.

La crise du Covid-19 a montré l'importance d'une information institutionnelle correcte et fiable. Ces derniers mois, des sites web, des campagnes, des brochures et autres ont été créés, en plus des applications telles que Coronalert et CovidSafe. Ces applications se sont avérées non seulement pratiques, mais aussi très populaires. Coronalert a été téléchargé 3,9 millions de fois et CovidSafe pas moins de 8,6 millions de fois. Les autorités publiques souhaitent donc utiliser davantage ce type de communication et ont lancé GovApp, dont la réalisation technique a été assurée par Digitaal Vlaanderen et l'asbl Smals. « On peut estimer que la majorité de la population a désormais l’habitude d’utiliser une application mobile », affirme Frank Robben, administrateur délégué de l’asbl Smals. « L’idée n’est bien sûr pas de créer une fracture digitale, mais pouvoir contacter huit Belges sur dix est un grand avantage. »

Deux raisons majeures

L’administrateur délégué de la Smals avance les deux raisons majeures qui l’ont poussé à développer GovApp.

Premièrement, les canaux de communication dont disposait l’État n’étaient pas idéaux. « Dans le cadre de la lutte contre le Covid, de nombreuses communications se font par SMS. C’est le cas des Corona Test Prescription Code (CTPC), des messages d’information en cas de retour d’une zone rouge, de test en jour 1 et en jour 7, de quarantaine lorsque nécessaire. De nombreux messages donc. Ajoutez à cela que les règles ont souvent changé, et la limite de 160 caractères pour expliquer à la population la situation, et vous comprendrez que ce n’est pas idéal », explique Frank Robben. « Par contre, notre système informatique a bien fonctionné, notamment concernant les campagnes de dépistage et de vaccination. »

Deuxièmement, l’envoi de SMS coûte de l’argent. « Au début, il y avait un accord avec les firmes de télécommunication, mais même avec des réductions de 70%, on a eu des mois où l’envoi des SMS se chiffrait à un million d’euros », détaille l’homme fort de la Smals. « C’est peut-être peu comparé au coût global de la crise, ou du dépistage. Mais on peut ici faire mieux pour moins cher. La plateforme eHealth gère 19,6 milliards de transactions qui dépassent largement les 160 caractères et cela coûte moins par an que l’envoi des SMS sur un mois. »

Fort de ce constat, la Smals a donc essayé de trouver une solution. « Nous avons songé à WhatsApp ou à une messagerie similaire. Mais ce n’était pas raisonnable. D’une part car WhatsApp, par exemple, est payant si de grands volumes sont envoyés. D’autre part, je ne pense pas que l’État doive être dépendant d’un tiers pour l’envoi de messages d’intérêt public. Nous avons donc décidé de développer GovApp, pour un coût moins élevé que l’envoi de SMS à la population pendant une semaine. De plus, l’envoi des messages via GovApp ne coûte rien. Le retour sur investissement était donc intéressant. »

Des avantages indéniables

GovApp remplace donc les messages SMS qui étaient envoyés jusqu'à présent. Cette application présente plusieurs avantages : elle permet de recevoir des messages plus longs, elle permet une communication visuelle et elle est mieux protégée contre la fraude ou l'usurpation d'identité (hameçonnage, phishing en anglais). « Nous ne sommes plus limités à 160 caractères, et il s’agit de pages HTML », développe Frank Robben. « Cela veut dire que l’on peut inclure un lien vers une image, une vidéo ou un QR Code. Tous les codes CTPC envoyés maintenant contiennent un code QR, ce qui permet de gagner du temps et d’éviter les erreurs dans les centres de dépistage. Cela comporte d’énormes avantages. L’explication des tests PCR par SMS fût une gageure. Ce ne sera plus le cas via l’application GovApp. »

La GovApp ne demande pas d’identité. Comme pour les SMS, le numéro de téléphone mobile est la base de la communication. L'application vérifie le numéro et enregistre également la préférence linguistique. Pour protéger la vie privée, le contenu des messages est crypté. L'application peut être utilisée sur les smartphones et les tablettes basés sur Android et iOS. « Comme c’est une application développée par le secteur public, les messages sont cryptés de bout en bout, à l’instar d’un message WhatsApp », complète Frank Robben. « C’est un envoi par un système sécurisé avec une signature du secteur public que l’on ne peut falsifier. »

L’application au-delà du Covid

GovApp veut, au contraire de ses consœurs Coronalert et CovidSafe, perdurer au-delà de la période du Covid (ce qui explique pourquoi l’outil n’a pas été intégré dans une de ces applications). GovApp peut, bien entendu, gérer l’envoi de notifications pendant le reste de la pandémie, faire du suivi de contacts et même remplacer les call center qui ne font plus sens aujourd’hui.

« GovApp est une application mobile pour des notifications d’intérêt général, même si le champ d’action n’a pas encore été défini », avoue Frank Robben, qui n’a lancé ce projet qu’il y a un mois et demi à peine. « Le but n’est pas de remplacer les applications ou moyens de communication existants, mais d’aider les institutions publiques, les mutuelles, les hôpitaux ou même les médecins à partager des informations d’intérêt général. »



Short Message Integration Service

Derrière cette appellation anglo-saxonne se cache un service qui permet de contacter une personne selon différents scenarii : le destinataire utilise GovApp, il n’a pas accès à GovApp momentanément ou il n’utilise pas l’application. « Afin d’être sûr d’atteindre la personne contactée, nous avons créé un service, le Short Message Integration Service. Concrètement, on peut savoir, via le numéro de téléphone, si l’application est installée ou non, et par là décider de la bonne politique d’envoi du message  », explique Frank Robben. « Les stratégies d’envoi sont donc multiples : si la personne contactée a installé l’application, le destinateur peut délivrer son message via GovApp, avec un accusé de réception si l’application sur le smartphone cible a bien reçu le message. Dans le cas contraire – internet éteint plus de trois heures, lors d’un voyage en avion par exemple – le destinateur peut décider d’envoyer un SMS après un laps de temps passé. Le citoyen reçoit donc le message par l’application et est sûr que ce n’est pas du phishing. C’est une situation win-win », conclut Frank Robben.

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