Infirmière
Epiox, un logiciel ambitieux pour l’art infirmier
D’un constat simple – les infirmières à domicile indépendantes sont esseulées dans leur travail, et souvent déstructurées dans leur communication – Epiox se donne pour objectif de professionnaliser la communication des infirmières en ambulatoire pour les rallier aux autres prestataires de soins, tant de la première ligne que du milieu hospitalier. Hygie, société tournaisienne derrière le logiciel infirmier, peut déjà se targuer de quelques réussites, notamment d’avoir fourni le premier logiciel répondant à tous les critères d’exigence du Réseau Santé Wallon.
e-santewallonie : Pourriez-vous présenter Epiox en quelques mots ?
Frédéric Foucart, CEO d’Hygie : Il s’agit d’un logiciel à la fois de facturation et de dossier patient à l’attention des infirmières et infirmiers à domicile. Nous avons commencé comme bureau de facturation. Ensuite, nous avions le sentiment que les soins de santé allaient se digitaliser. Nous nous sommes donc lancés dans la création de notre propre logiciel, comme un défi.
Les logiciels existants alors étaient principalement le fait d’informaticiens, qui avaient une vision très technique. Nous voulions proposer un produit davantage tourné vers les besoins spécifiques des infirmières et infirmiers. Et ces derniers sont clairement davantage intéressés par la partie soins de leur métier plutôt que la partie administrative.
L’ambition était de les aider à mieux communiquer, notamment via un dossier patient davantage structuré. De plus, communiquer via le Réseau Santé Wallon (RSW), bruxellois ou Vitalink apporte un réel plus à la profession. On essaye d’en faire la promotion, mais ce service est peu connu des infirmières et infirmiers. C’est pourtant un outil fabuleux de communication et de partage d’informations. C’est l’un des premiers outils où l’on met le patient au centre des débats, notamment via la notion de consentement.
Comment faire pour motiver, justement, les infirmières et infirmiers à domicile, relativement isolés des autres soignants ?
Elles sont isolées, c’est vrai. C’est particulier car nous sommes biberonnées au travail multidisciplinaire durant la formation, largement orientée vers le milieu hospitalier. Lorsqu’une infirmière ou un infirmier franchit le seuil de l’hôpital pour se diriger vers l’ambulatoire, elle se retrouve démunie, notamment en matière de facturation et de dossier patient. Dans le milieu hospitalier, il y a pléthore d’informations que l’on ne retrouve pas en ambulatoire.
Le RSW permet de communiquer des informations relatives au patient et permet de lier entre eux les prestataires de soins. Cela permet de faire le lien entre l’infirmière à domicile et l’hôpital. Bien communiquer le plus d’informations possible permet un gain de temps à tous les échelons, et une optimalisation du trajet de soins. Sans le dossier patient informatisé, l’infirmière à domicile se retrouve souvent sans information de l’hôpital, et il faut dès lors refaire l’anamnèse du patient, qui n’apportera pas la fiabilité des informations qu’un professionnel de la santé peut communiquer.
Au plus on professionnalise le dossier patient, au plus les professionnels de la santé auront facile de l’utiliser. C’est dans ce sens que nous travaillons, notamment par le biais de mots-clés, de contenus préétablis, de langage structuré qui permet à chacun de parler le même langage. Cela concerne le plan de soins, le traitement médicamenteux, le traitement des plaies, et d’autres domaines infirmiers. Il s’agit de professionnaliser la communication des soins infirmiers qui est actuellement déficitaire par rapport à d’autres prestataires de soins, tels que les médecins.
L’enregistrement des logiciels infirmiers permet certainement de professionnaliser cette communication.
Effectivement, mais je trouve que cette procédure est encore trop faible actuellement. Il faut davantage que des critères d’évaluation pratico-pratiques. Il faut proposer, notamment, un langage commun qui sera déchiffrable par les logiciels kinés, médecins, et autres et ne pas se contenter de champs libres.
Vous êtes sur la bonne voie, mais le chemin est encore long.
Exact. Il faut inciter les infirmières et les infirmiers à remplir le dossier patient. Comment ? Pas en les forçant mais en leur montrant l’utilité, la plus-value de cette communication. L’émulation naîtra de l’utilité pour le terrain de partager les infos. Et les infirmières sont demanderesses.
Peut-être que dans le futur, le médecin recommandera une infirmière qui utilise le RSW car il sait qu’il aura un retour structuré d’informations. Peut-être même que le patient lui-même préfèrera une infirmière qui communique bien aux autres prestataires de soins. Tous les acteurs privilégieront, à termes, les prestataires qui communiquent entre eux à ceux qui restent isolés.
L’actualité d’Epiox
Quels sont les développements récents d’Epiox ?
Il y a évidemment le volet de mise en conformité en lien avec l’enregistrement du logiciel (qui a lieu cette année, NDLR). Il y a eu un gros travail sur la sécurisation des données, le RGPD, l’ergonomie (éviter d’encoder deux fois la même information). Heureusement, c’est un travail que nous avions déjà entamés en amont.
Ensuite, nous avons développé un système de diagramme de soins, en lien avec le processus de stratégie thérapeutique. Ce diagramme de soins permet d’avoir un langage commun et plus rapide grâce à un langage standardisé, synthétique précis et professionnel.
Quid pour le futur ?
Concernant les infirmiers, je ne vais pas dire que nous avons fait le tour de la question, mais nous proposons aujourd’hui un produit abouti. Nous concentrons pour l’heure davantage d’énergie sur notre autre logiciel destiné aux kinésithérapeutes.
Vers une nouvelle collaboration
e-santewallonie s’associe à Epiox pour organiser des formations à la e-santé pour les utilisateurs du logiciel. Retrouvez-les prochainement dans le catalogue de la plateforme de formation.
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