Kinésithérapie
Un accès à MyCareNet début 2023
e-santewallonie rapporte les dernières nouvelles autour des accès aux services MyCareNet pour les kinésithérapeutes avec Bernard Bolle, responsable de la Cellule de coordination au sein du Collège Intermutualiste National (CIN) en charge des projets d’évolution de la plateforme MyCareNet, et François-Xavier Colon (CIN), chef de projet concernant la digitalisation des kinésithérapeutes.
e-santewallonie : Pourriez-vous d’abord rappeler quel est votre rôle dans la digitalisation des soins ?
Bernard Bolle : Le CIN représente les mutualités. Notre responsabilité est entre autre la digitalisation des échanges de données médico—administratives entre les mutualités et les prestataires de soins. Cela concerne la facturation, la consultation d’informations sur les statuts des affiliés, les attestations de soins et les accords ou les notifications (avant que certaines prestations soient réalisées, il faut parfois notifier la mutuelle voire avoir son accord). Tous ces échanges d’informations sont aujourd’hui en passe d’être digitalisés via la plateforme MyCareNet.
Cette plateforme évolue par étapes. Nous créons de nouveaux services : ainsi, il y a cinq ans, il n’y avait pas de digitalisation des attestations de soins. Et nous mettons à disposition ces services secteur après secteur. Cela a commencé en médecine générale, et cela s’étend désormais à d’autres professions de soins. Après les hôpitaux, les généralistes, les dentistes et les spécialistes, il s’agit aujourd’hui de digitaliser la profession de kinésithérapeute.
Quel est le planning ?
B.B. : Au niveau du planning, nous avons clairement du retard par rapport à ce qui avait été annoncé il y a quelques années aux kinésithérapeutes. Notamment parce que le Covid-19 est passé par là. Pendant les deux années de la pandémie, une bonne partie des équipes du CIN et des mutualités ont été engagées sur divers projets liés à la crise sanitaire, tels que la vaccination, le paiement de matériels de protection Covid, etc.
Le projet de digitalisation des services pour les kinésithérapeutes en a pâti. Nous visions 2021 à l’origine et nous allons aboutir en 2023. Du côté du CIN et des mutualités, nous sommes maintenant prêts, mais il faut encore que les logiciels métiers soient adaptés et testés, au même titre que la réglementation INAMI. Cette dernière demande quelques ajustements car la digitalisation a modifié les règles du jeu, même si ces changements sont à la marge. Cela veut dire que des Arrêtés royaux (AR) doivent être publiés au Moniteur belge. Il y a un temps administratif à ajouter au temps de développement informatique. Nous espérons que tout sera prêt dans le courant du 1er trimestre 2023, au pire d’ici la fin du premier 1er semestre. Cette temporalité est à mettre en parallèle des premiers logiciels kinés homologués MyCareNet.
François-Xavier Colon : Au niveau du planning, concrètement, nous avons déjà pas mal avancé avec différents fournisseurs de logiciels. Il y en a sept reconnus, plus un intéressé mais en stand-by. Parmi ces huit fournisseurs, quatre avancent bien dans leurs développements. Le secteur est loin d’être à l’arrêt. Il y a pas mal d’effervescence. Nous avons des meetings réguliers – hebdomadaires – avec deux de ces fournisseurs de logiciels qui agissent en véritables locomotives pour digitaliser la profession.
Nous avons des feedbacks qui proviennent tant des experts techniques et business des organismes assureurs que des fournisseurs de logiciels pour alimenter nos différents groupes de travail. Cela nous permet d’avancer assez rapidement. Des tests sont en cours. Nous espérons que les logiciels seront prêts au même moment que nous. C’est la promesse qui a été faite.
Quelle est la part de marché de ces quatre logiciels « moteurs » pour se rendre compte de la digitalisation de la profession de kiné ?
F.-X.C. : J’ai les chiffres pour trois d’entre eux. Ils ont environ 15.000 clients sur les 25.000 kinésithérapeutes actifs en Belgique. Tout en sachant que l’on estime à 45% le nombre de kinésithérapeutes informatisés. Cependant seulement 4.757 kinésithérapeutes (2.000 environ en Wallonie) disposent d’un certificat eHealth. Ce qui fait une proportion nettement moindre de prestataires capables d’utiliser les services MyCareNet dans l’immédiat. Raison pour laquelle nous avons un objectif de suivi très rapproché, dans un premier temps, pour les kinés qui entrent dans MyCareNet. Ceci afin de ne pas louper le coche au niveau des formations.
Qu’impliquera, concrètement, ce changement de méthode de travail pour les kinésithérapeutes ?
B.B. : L’informatisation obligera les kinésithérapeutes à facturer à la prestation. Cela change la logique de pratique des prestataires qui ne pourront plus facturer à la fin d’un traitement en X séances. La digitalisation impose que l’attestation soit réalisée au jour le jour en cas de paiement comptant. C’est un changement important pour les kinésithérapeutes. Certains sont demandeurs, d’autres moins et devront s’adapter.
Le passage par un logiciel métier sera-t-il obligatoire pour facturer, attester, notifier ?
B.B. : Il n’est, pour l’heure, absolument pas prévu que le numérique devienne obligatoire. Cela ne fonctionne jamais comme ça. Je prends l’exemple des généralistes. Les services de MyCareNet sont disponibles depuis 2018. L’obligation de passer par un logiciel métier n’est apparue que cette année sur la table du Comité de l’assurance, soit quatre ans après.
Il y a des discussions qui se passent entre les acteurs pour se mettre d’accord sur les implications. Une fois l’accord parvenu, l’INAMI publiera un AR qui rendra le numérique obligatoire et il reste, à partir de ce moment, deux ans aux prestataires pour se conformer à cette règle. Si l’on prend 2023 comme année où les services sont disponibles, il faudra attendre un certain temps – le temps de faire les maladies de jeunesse de la digitalisation et le temps nécessaire à l’adoption des services par les kinés – avant que l’on discute de l’obligation. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. L’obligation ne devrait donc pas se produire avant plusieurs années.
F.-X.C. : C’est une des raisons pour laquelle les utilisateurs sont incités à prendre part à la digitalisation par le biais des primes télématiques. Il s’agit de récompenser les utilisateurs qui utilisent de leur plein gré les services et qui servent de moteurs à leurs confrères.
La prime n’est-elle pas, justement, trop faible ?
B.B. : J’imagine que les kinésithérapeutes vont négocier. Les médecins et les dentistes ont négocié un certain nombre de critères avec l’INAMI. Si ces critères – progressifs d’année en année – sont atteints, la prime augmente. J’imagine que les kinésithérapeutes vont proposer le même type d’approche, mais cela n’est pas notre responsabilité.
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