Dossier Le partage des données, la pierre angulaire des soins de santé
Pourquoi produire un SUMEHR de qualité ?
Un SUMEHR prend du temps à réaliser. La première fois du moins. Est-ce utile ? À qui est-ce utile ? Quelles sont les limites ? Réponses avec le Dr Marie-Eve Janssen, médecin généraliste et collaboratrice de l’ULiège pour la formation à l’informatisation de la santé.
La formation à l’informatisation de la santé est une formation interuniversitaire qui se donne depuis deux ans. Le SUMEHR est un des chapitres étudiés. « La formation que l’on donne aux jeunes assistants en médecine générale a pour objectif de donner une structuration au dossier informatisé qui va permettre l’exportation d’un SUMEHR de qualité, qui contient des informations pertinentes pour la prise en charge du patient, la continuité des soins et l’échange de données entre les prestataires de soins », résume Marie-Eve Janssen.
Le SUMEHR, utile à plusieurs niveaux
Un SUMEHR est utile à plusieurs niveaux. D’abord pour la pratique individuelle du médecin. « Avoir un dossier de qualité pour la prise en charge individuelle d’un patient est très important pour sa propre pratique », confirme la médecin généraliste. « Et si l’on a un dossier bien structuré et bien alimenté, le SUMEHR sera de qualité par essence : à chaque fois que l’on ajoute une information pertinente, elle est exportée vers le SUMEHR. »
Ensuite, le SUMEHR est également utile en pratique pluridisciplinaire. « Selon la matrice d’accès, le SUMEHR va pouvoir être utilisé par plusieurs collègues (kinésithérapeutes, professionnels de l’art infirmier, services de diabétologie, etc.). L’objectif est toujours de viser la qualité des soins et d’améliorer la prise en charge des patients. »
Importance du codage
Pourquoi faut-il privilégier une information codée plutôt qu’entrer un texte libre ? « Sur un texte libre, on ne sait pas faire de recherche, d’épidémiologie ou classifier. Classifier permet d’éviter des redondances. Avoir noté une lombalgie, des douleurs de dos et sciatalgie : on parle du même problème de santé. En cas de texte libre, on ne sait pas identifier que c’est le même problème de santé », répond le Dr Janssen.
En outre, les logiciels hospitaliers ne transcrivent pas les données introduites en texte libre, au contraire des données encodées. « Il y a un mapping entre le thesaurus, la Classification internationale des soins primaires (CISP) et la CIM-10 (classification internationale des maladies, 10e révision, ndlr) qui est utilisée dans les hôpitaux. Cela permet une meilleure compréhension des termes employés par chacun. Si j’inscris mal de tête ou céphalée, j’utiliserais deux codes de thesaurus qui seront reliés à un code CISP, qui va lui-même être relié à un code CIM-10. Cela permet aux médecins hospitaliers d’aller chercher des données plus ponctuelles qui vont les intéresser dans le SUMEHR. Exemple en gastrologie : si j’ai encodé des problèmes gastro-intestinaux dans le SUMEHR de mon patient, le spécialiste pourra directement observer ces antécédents via le SUMEHR. »
Les limites du SUMEHR
La vocation du SUMEHR est le partage des données, et non l’exhaustivité des données partagées. Une nuance importante. « Le SUMEHR est un outil qui ne nous empêche pas d’être de bons cliniciens », explique Marie-Eve Janssen. « Une des grandes réticences au partage des données via le SUMEHR concernait les risques médico-légaux encourus en cas d’oubli dans le SUMEHR ou de refus du patient de partager une donnée. À ce titre, il n’y a aucun risque. C’est d’ailleurs bien notifié lors de l’édition d’un SUMEHR : ‘Les données présentées dans un SUMEHR ne peuvent pas être considérées comme exhaustives. Ceci est en concordance avec les principes du RSW/RSB/Vitalink. Ces données sont présentes à titre purement indicatif et ne dispensent jamais d'une anamnèse circonstanciée.’ Le SUMEHR est donc un support à la pratique, au partage des données et ne constitue pas une fin en soi. »
Post-formation
Le SUMEHR, tout le monde n’a pas eu la chance d’y être familiarisé sur les bancs de l’unif. e-santewallonie propose donc des formations spécifiques aux SUMEHR, de deux types :
- Pour les médecins généralistes : Comment encoder/coder au mieux dans le logiciel métier pour exporter de bons SUMEHR sur le RSW
- Pour les autres soignants qui ont accès à tout ou à une partie du SUMEHR : Comment prendre connaissance des éléments du SUMEHR sur le RSW
Ce type de formation se fait idéalement avec chaque logiciel métier.
Comme tous les logiciels ne sont pas encore connectés au RSW, pour ceux qui utilisent un logiciel qui n’est pas encore connecté, e-santewallonie forme directement sur le portail du RSW.
À retenir
- Le SUMEHR est utile tant pour sa pratique individuelle que dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire.
- L’utilisation des codes permet d’éviter les redondances et permet la lecture du SUMEHR par ses pairs.
- Le SUMEHR est un support à la pratique, au partage des données et ne constitue pas une fin en soi.
|