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N° 65 - Janvier 2023

Dossier
Le partage des données, la pierre angulaire des soins de santé

Le SUMEHR à l’hôpital : état des lieux

Les médecins généralistes se plaignent parfois de réaliser des SUMEHR qui ne sont pas lus par la deuxième ligne. Est-ce qu’ils ont raison ? e-santewallonie fait le point avec Isabelle Polis, qui est devenue au long de sa carrière protéiforme une experte de la liaison entre la 1ère ligne et la 2ème ligne.

Que répondre aux médecins qui ne produisent pas de SUMEHR sous prétexte qu’ils ne sont pas lus à l’hôpital ? « C’est une réflexion que j’entends au moins une fois par semaine », répond Isabelle Polis qui fait partie du comité de pilotage du Réseau santé wallon (RSW) depuis huit ans. « Il vaut toujours mieux un SUMEHR minimal que pas de SUMEHR du tout. Nous expliquons, durant les formations, que réaliser un SUMEHR peut être très simple, voire automatique. Le SUMEHR peut être envoyé automatiquement à la fermeture du logiciel dès qu’un élément pertinent a été ajouté. Cela simplifie la vie. »

En cas de difficultés, le praticien ou l’institution peut contacter le RSW qui apporte souvent une réponse appropriée, parfois très rapide, aux demandes. « Les systèmes informatiques seront toujours améliorables. Il y a la volonté d’améliorer, de faciliter les choses au niveau du RSW. Exemple avec un patient qui se présente aux urgences avec 10 SUMEHR : lequel choisir ? Le RSW est parvenu par une action technique à faire apparaître uniquement le dernier SUMEHR. En règle générale, le RSW trouve toujours la solution. »

L’informatique évolue

D’aucuns se plaignaient, il y a quelques années, que tous les logiciels hospitaliers ne pouvaient pas lire les SUMEHR. Heureusement, là aussi, la situation évolue positivement. « Je me suis personnellement rendue dans quelques hôpitaux pour évaluer la situation, et lever les éventuels freins informatiques ou techniques. J’ai vite compris que, si peu de SUMEHR étaient lus, ce n’était pas de la mauvaise volonté de la part des hôpitaux. Pour lever ces freins, il faut parfois passer par le producteur de logiciel. Mais d’autres fois, des solutions simples et internes peuvent être trouvées avec l’équipe informatique de l’hôpital. Par exemple, le SUMEHR pouvait être présent dans le logiciel, mais dans un onglet nommé « indéfini ». Qui va ouvrir un tel onglet pour consulter le SUMEHR ? Personne. En l’occurrence, il a suffi de renommer cet onglet « indéfini », en « SUMEHR ». Les hôpitaux qui utilisaient le même logiciel ont interagi via les départements informatiques pour partager l’information. Cette action fut fédératrice et positive. »

La constitution des réseaux pourrait, dans ce domaine, amener plus d’homogénéité. « Oui, pour autant que les hôpitaux du réseau utilisent le même logiciel, ce qui n’est pas forcément le cas à l’heure actuelle. Il faut dire qu’ils ont du mal à se mettre en place. »

Inciter les hôpitaux à lire davantage de SUMEHR

Plusieurs pistes existent pour améliorer le taux d’ouverture et de lecture des SUMEHR en milieu hospitalier. Premièrement, l’information et la formation du personnel hospitalier. « Le partage des données permet un gain de temps pour les hôpitaux. Pour faire comprendre cela, il faut s’adresser à un référent de l’hôpital, par exemple le directeur médical. Si l’on veut prioriser, on peut également s’adresser au service d’urgences et former le personnel à la consultation du SUMEHR, avec l’appui du chef de service. Cependant, les urgences représentent un service avec un grand turn-over, il faudrait donc veiller à reproduire cette formation tous les ans, par exemple. » Ce sont des actions qui seront certainement menées en 2023 en partenariat avec le RSW et le projet e-santéwallonie.

Deuxièmement, il faut rassurer les prestataires de la deuxième ligne, qui, à l’instar de leurs confrères généralistes, ont parfois des inquiétudes par rapport au partage des données (responsabilité légale, protection des données). « Un SUMEHR n’est pas toujours actualisé et on peut louper une information », concède Isabelle Polis. « Mais ce n’est pas une raison pour ne pas y recourir. Certaines informations importantes sont immuables. »

Enfin, si la méthode d’information, de formation ne suffit pas, il faut des obligations. Ou en tout cas des incitants financiers. « La prime télématique liée à la publication de SUMEHR a poussé les généralistes à fournir ce travail supplémentaire. Au niveau des hôpitaux, il faudrait un incitant du même ordre pour obliger la lecture des SUMEHR. Cela pourrait commencer dans certains départements. Selon moi, la priorité se situe au niveau des urgences. Il faut absolument commencer à l’admission du patient par voir s’il y a un SUMEHR et le lire. Cela permet en cinq minutes d’avoir une vue du patient qui est souvent inconnu du service des urgences. Cela peut également être utile à d’autres spécialistes, notamment lors de la 1ère rencontre avec un nouveau patient ; en effet, dès la création du lien thérapeutique, le médecin va parvenir à intégrer certaines données à son DMI hospitalier et à constituer un dossier. Quel gain de temps et d’efficacité ! Certains ont déjà pris cette habitude. D’autres restent à convaincre. »

L’avenir

Il y a déjà beaucoup à faire pour améliorer le partage des données au sein même de la première ligne. « C’est un énorme chantier. On n’en est encore qu’aux balbutiements des partages possibles », acquiesce Isabelle Polis. « L’obligation d’informatisation n’est pas présente chez tous les prestataires. Les logiciels ne sont pas tous connectés au RSW. Chaque profession doit pouvoir s’exprimer sur ses souhaits d’accès aux données et de partage des données. Un groupe de travail ‘partage des données’ a été mis sur pied par la Plateforme de la première ligne wallonne (PPLW), au sein de laquelle je suis également active. L’objectif est de rédiger une note sur les souhaits des professionnels de la première ligne, profession par profession, par rapport au partage des données. »

Le partage des données entre la première et la deuxième ligne se fera en aval du travail réalisé au sein de la première ligne. « Il faut agir par priorité, ce serait se disperser que d’agir sur tous les fronts en même temps. »



Quid dans les PMG ?

La situation est plus simple que dans les hôpitaux. Dès que le patient arrive dans le cabinet de consultation du médecin de garde, ce dernier a accès au SUMEHR du patient. « Le médecin de garde peut rapidement voir s’il y a un SUMEHR ou non, et le consulter le cas échéant. Ce qui est pratique », confirme Isabelle Polis.

Les PMG étant constitués de médecins généralistes, le réflexe de consulter un SUMEHR est acquis. « Effectivement, les médecins généralistes produisent des SUMEHR et ont davantage le réflexe d’aller voir si le patient qui les consulte dispose d’un SUMEHR ou non. »

Le constat est donc globalement positif dans les PMG. « En tout cas, s’il y a un SUMEHR, il est facile à consulter. C’est la grande différence entre PMG et hôpitaux. Dans les PMG, le SUMEHR est présent visuellement au sein du logiciel. Ce n’est pas le cas dans les logiciels hospitaliers », conclut Isabelle Polis.



Que retenir ?

  • La situation évolue positivement dans les hôpitaux concernant le SUMEHR
  • Il reste cependant du travail à effectuer pour faciliter l’accès au SUMEHR et pour conscientiser les prestataires de la deuxième ligne.
  • Au sein des PMG, le SUMEHR est davantage visible et plus facile à consulter.

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