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N° 66 - Février 2023

Le partage des données

Un SUMEHR de qualité avant tout

Produire des SUMEHR est une injonction qui ne date pas d’hier. Mais aujourd’hui, la volonté est, plutôt que de se concentrer sur la quantité de SUMEHR produits, de réaliser des SUMEHR de qualité. e-santewallonie, en tant qu’institut de formation, a évidemment un rôle à jouer pour que les médecins améliorent leurs SUMEHR.

e-santewallonie a, depuis ses débuts, axé sa communication sur la qualité des SUMEHR plutôt que sur leur quantité. « Il faut d’abord faire des SUMEHR pour les patients qui en valent la peine : les patients âgés, polymédiqués, etc. Ce sont ceux qui méritent un dossier chez le pharmacien de référence : c’est le même profil  », explique le Dr Philippe Jongen, responsable du projet e-santewallonie. « Il faut aborder le SUMEHR de la personne âgée, mais également celui de l’enfant. Avec le carnet ONE que les parents amènent en consultation, le médecin traitant peut compléter des SUMEHR. C’est d’autant plus utile que ces données vont être extraites automatiquement par le Réseau Santé Wallon pour garnir le futur schéma de vaccination partagé. »

En termes de quantité, il est toutefois utile de rappeler qu’il est pertinent de produire des SUMEHR. « C’est même notre responsabilité médico-légale », rappelle Philippe Jongen. « Cependant, un SUMEHR ne doit pas être complet du premier coup. C’est important, on le répète en formation. Cela peut se faire en quatre, voire cinq consultations. On part du principe que le SUMEHR ne doit pas être exhaustif. C’est un instantané. C’est une photo où l’on peut avoir des éléments flous, mais où les éléments visibles sont déjà utiles. »

Pour bien débuter, Philippe Jongen conseille de démarrer par le schéma de médication. « À partir du moment où l’on prescrit des médicaments en tant que médecin généraliste, on utilise un programme informatique. Les données en sont automatiquement reprises dans le SUMEHR. Grâce à ces données déjà encodées – les médicaments prescrits – les pharmaciens et autres prestataires peuvent déjà connaître neuf pathologies sur dix qu’a un patient. C’est déjà très bien. »

La qualité

Les médecins produisent davantage de SUMEHR. On ne peut que s’en réjouir. Mais l’aspect qualitatif est également important. « Nous allons mettre beaucoup de choses en place au niveau d’e-santewallonie. Nous sommes partis de la question suivante : qu’est-ce qu’un bon SUMEHR ? Nous avons donc rassemblé un groupe d’experts venant des trois universités francophones pour comprendre ce qui fait la qualité d’un SUMEHR. Est-ce sa complétude ? Est-ce son codage ? Bref, quelles sont les qualités et les défauts, pour distiller cela dans le contenu de nos formations. »

Cela permet à Philippe Jongen d’insister sur l’importance de la structuration des données, au-delà du codage. « Le codage est important. Mais il faut également bien structurer l’information : si j’inscris une allergie dans l’item ‘diagnostics’ et non dans l’item ‘allergies’, les données ne seront pas partagées correctement avec les autres prestataires de soins. »

Estimer la qualité des SUMEHR produits

La vision de l’INAMI, qui insiste sur la qualité du SUMEHR, est partagée par e-santewallonie. « Nous avons suggéré différentes pistes pour estimer la qualité des SUMEHR produits. On pourrait, par exemple, via le RSW, disposer de l’existence d’informations encodée dans un item. Le SUMEHR est, en soi, une compilation d’items indépendants les uns des autres. Dans l’item ‘allergie’ par exemple, la simple observation du nombre d’octets permet de savoir si l’item est vide (proche de 0 octet), peu rempli ou bien rempli. Cela est valable pour d’autres items. Sans lire les informations de santé, on peut donc déjà observer si des données sont encodées dans les différents items », détaille le responsable de projet e-santewallonie.

« Une autre piste suivie par l’INAMI est de faire un partenariat avec les logiciels métiers des médecins généralistes. L’objectif est d’alerter les médecins qu’il existe des données qui devraient se retrouver dans un SUMEHR, à publier, dès lors, dans le dossier résumé. Cela peut être intéressant, mais pas suffisant. »

Dernière piste proposée par l’Inami pour vérifier la qualité des SUMEHR : le peer reviewing, ou, en bon français, la vérification par les pairs. « Cela peut être intéressant, mais il y a des contraintes », réagit Philippe Jongen. « Il faut d’abord que le SUMEHR soit accessible facilement. Cela devrait être le cas très prochainement dans les postes de garde. Dans les services d’urgence des hôpitaux, il faut que le SUMEHR apparaissent plus rapidement et facilement. Il faut également travailler sur l’encodage et la structuration des données. Dans tous les hôpitaux. Ce sont des dossiers sur lesquels e-santewallonie peut apporter sa pierre à l’édifice et former la deuxième ligne, singulièrement les urgentistes, pour une meilleure utilisation des SUMEHR. Ensuite, s’il faut un peer review, il faut voir la forme. Les médecins, actifs aux urgences ou dans un poste de garde, auront-ils le temps pour faire cette évaluation du SUMEHR ? Il faudra essayer de l’automatiser et de le simplifier le plus possible. »


L’urgence d’inclure les pharmaciens

Sachant que les pharmaciens n’ont pas accès à la totalité du SUMEHR, et notamment les diagnostics, e-santewallonie forme les médecins généralistes à codifier un diagnostic (diabète de type I ou insuffisance rénale par exemple) et à codifier un facteur de risque pour ce diagnostic, car cet item est visible par le pharmacien.

« Cela fait des années que les généralistes essaient de faire des SUMEHR qui soient lisibles et utiles pour les pharmaciens, mais ces derniers ne consultent pas », regrette Philippe Jongen. « Je ne peux pas le comprendre. Il est difficile de les motiver à se connecter au Réseau Santé Wallon. J’entends qu’ils n’ont pas de prime à l’informatisation. Mais cela n’explique pas tout. Oui, les pharmaciens financent eux-mêmes leur logiciel, mais je suis triste que, du point de vue clinique, ils n’aillent pas consulter le SUMEHR; c'est presque une question d'éthique. Aux médecins, évidemment à produire des SUMEHR de qualité pour intéresser les pharmaciens. Mais il faut vraiment qu’ils soient lus. Sinon, c’est décourageant. »



Que retenir ?

  • S’il faut produire plus de SUMEHR, c’est surtout la qualité de ceux-ci qui prime
  • Diverses pistes existent pour vérifier, avec la collaboration de l’INAMI et du RSW, si les SUMEHR produits sont de qualité ou non
  • Il faut inclure la deuxième ligne, singulièrement les urgentistes, ainsi que les pharmaciens dans le cercle vertueux qu’implique un SUMEHR de qualité


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