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N° 67 - Mars 2023

Partage des données

« Le Sumehr est une plus-value pour le médecin généraliste »

La garde carolorégienne veut favoriser le recours au Sumehr. Pas question d’attendre l’injonction des autorités. Retour du terrain avec Gianni Maraschiello, coordinateur général de la garde de la Fédération des associations de médecins généralistes de Charleroi (FAGC) et le Dr Pierric Catinus, généraliste actif au sein du cercle carolorégien.

e-santewallonie : Est-ce que l’utilisation du Sumehr au sein des postes de garde (PMG) est désormais un réflexe ?

Dr Pierric Catinus : Ce n’est pas encore un réflexe chez moi. J’ai tendance à d’abord poser des questions sur les traitements et les antécédents plutôt que d’aller directement consulter le Sumehr.

Dans les PMG, nous avons régulièrement des cas superficiels, comme des infections respiratoires supérieures. Dans ces cas, je ne consulte pas le Sumehr. Par contre, face à des cas plus complexes, ou des cas où le patient ne sait pas me dire quels traitements il suit, je consulte le Sumehr et les divers rapports disponibles, tels les prises de sang.

Malheureusement, il arrive que le Sumehr soit incomplet voire vide.

Est-ce que les logiciels doivent s’adapter pour faciliter la rédaction/la consultation de Sumehr ?

Dr Pierric Catinus : J’ai la chance d’être relativement habile avec l’outil informatique. Parfois, les choses sont lentes, mais je n’ai pas l’impression que ce soit le cas avec le Sumehr. L’accès au Sumehr est relativement aisée dans le logiciel de la garde : on clique sur le lien thérapeutique, puis le Sumehr. Là où il y a des améliorations à faire, c’est dans le tri des documents des labos. On perd parfois un temps précieux à s’y retrouver et à faire des clics inutiles.

Gianni Maraschiello : Nous utilisons Medispring. Medispring a adapté l’outil pour que le clic vers le Sumehr soit simple.

Quelle est l’importance d’avoir un bon Sumehr dans un poste de garde ?

Dr Pierric Catinus : On pourrait d’abord discuter longuement sur ce qu’est un bon Sumehr. Bien sûr, des éléments doivent apparaître obligatoirement, comme les traitements et les maladies, mais est-ce qu’il faut mettre dans le Sumehr que le patient boit peut-être trop d’alcool ? En tout cas, il faut au moins mettre le schéma de médication, les traitements, dans le Sumehr. Avec ces informations, on peut déduire toute une série de problèmes de santé. Ensuite, les allergies bien sûr. Et enfin, peut-être les antécédents significatifs.

Décrire le patient par quatre éléments de santé pourrait être intéressant. Nous avions réfléchi, avec un confrère, à partir de combien de lignes on ne lit plus un Sumehr. Est-ce que cela vaut le coup de mettre dix éléments de santé, de passer du temps à compléter le Sumehr, alors que ces éléments ne seront sûrement pas lus ? Ma conclusion est qu’il vaut mieux être concis et efficace plutôt qu’être super complet au risque de ne pas être lu.

La plus-value est un gain de temps au poste de garde.

Dr Pierric Catinus : Effectivement, je pense qu’à terme, cela permettra un gain de temps. Mais pour le moment, ce n’est pas encore le cas. À cause du trop grand nombre de Sumehrs vides. Peut-être qu’un jour, on aura le consentement du patient pour qu’il accepte de partager ses données de santé en passant devant la secrétaire du PMG. Une intégration automatique de ces données dans le dossier patient, avec tous les éléments santé, permettra d’avoir une meilleure visibilité du patient. On aura alors tout gagné.

Gianni Maraschiello : Il est vrai que l’évaluation statistique du nombre de Sumehrs réalisés est compliquée. Il y a un chiffre général qui ressort, dans notre région : deux médecins sur trois ayant un certificat eHealth réalisent un Sumehr. Mais combien en réalisent-ils ? Et qu’est-ce que réaliser un Sumehr ?

Dr Pierric Catinus : Il était très positif de motiver les médecins à envoyer des Sumehrs. L’appétit pour la prime, qui est intéressante, était réel. Mais il aurait fallu un contrôle des Sumehrs réalisés.

Une approche qualitative plus que quantitative ?

Dr Pierric Catinus : Exactement. Cela a récompensé certains qui ont produit des Sumehrs vides au détriment de ceux, qui n’ont pas forcément eu de primes, qui ont produit moins de Sumehrs, mais de qualité.

Comment faites-vous pour inciter à la qualité dans les Sumehr ?

Dr Pierric Catinus : C’est un cercle vertueux : au plus les médecins seront aidés par des Sumehrs bien réalisés, au plus ils auront envie eux même d’aider les autres.

Je pense également que cela passe par un contrôle ou l’obligation de cocher certains items. Un patient chronique de plus de 60 ans sans Sumehr ne devrait pas exister. Dans ce cas, il faudrait peut-être réfléchir à diminuer la prime pour le médecin responsable du Sumehr de ce patient. C’est le principe de la carotte et du bâton.

Gianni Maraschiello : Il devrait être possible de voir si un Sumehr est complété ou non avant l’ouverture de celui-ci. Cela inciterait les médecins à consulter davantage de Sumehrs.


Un outil informatique pour la garde mobile

Depuis le 1er février 2023, la garde mobile de la FAGC est également informatisée. « Nous avons quatre postes de garde et cinq voitures itinérantes. L’objectif était que tous nos médecins puissent travailler avec ordinateur portable, une connexion mobile, le même logiciel que celui déployé dans nos PMG, et la même base de données », explique Gianni Maraschiello. « Cela fonctionne depuis deux mois. Nous avons réalisé une enquête pour constater la plus-value de cette modalité et les obstacles rencontrés, tout en sachant que l’utilisation de l’outil informatique n’est pas obligatoire pour la garde mobile, au contraire de la production de rapports médicaux. »


« L’utilisation d’un logiciel et du Sumehr à domicile
offre une plus-value car les cas sont souvent plus complexes
  »,
explique le Dr Pierric Catinus.


Constats de l’enquête : neuf médecins sur dix utilisent l’outil informatique mis à disposition. « De manière générale, le système, bien qu’il y a toujours des résistances aux évolutions, est globalement apprécié », ajoute Gianni Maraschiello. « Deux médecins sur trois sont satisfaits de ce mode de travail. Parmi ceux qui utilisent l’outil informatique en garde mobile, un médecin sur deux recoure au Réseau Santé Wallon et au Sumehr. »

« L’outil informatique est très utile en garde mobile, car nous faisons face à davantage de patients précarisés, mais aussi davantage d’abus », estime le Dr Pierric Catinus. « Nous avions jusqu’à présent des informations par les chauffeurs qui se rendent souvent aux mêmes adresses, mais ils n’ont pas forcément l’information médicale qu’il y a derrière. L’obligation d’émettre un rapport, et, via Medispring, de mettre certains items pour valider un rapport, est intéressant. Cela permet, en un coup d’œil, d’avoir des informations utiles par rapport à des patients qui appellent souvent. »

Que retenir ?

  • Consulter des Sumehrs au sein des PMG n’est pas encore un réflexe pour tous les médecins

  • Il faut inciter les médecins à produire et consulter des Sumehrs, miser sur l’émulation entre confrères. Cela peut également passer par des contrôles voire certaines obligations d’items à cocher

  • La garde mobile, à Charleroi, propose un outil informatique qui permet d’utiliser le logiciel du PMG et de consulter le Sumehr

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