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N° 72 - Octobre 2023

Interview

Le vaccinnet wallon a désormais un nom : Vaccicard !

La Wallonie planche depuis 2020 sur le projet « Vacciwal ». Son objectif : permettre l’enregistrement des données vaccinales dans le Réseau Santé Wallon, par le biais d’une application disponible directement via son logiciel métier. Depuis, le projet a pris de l’ampleur et a dépassé les frontières wallonnes pour intégrer la Région bruxelloise et la Communauté germanophone. Ne parlez donc plus de « Vacciwal », mais de « Vaccicard ».


e-santewallonie : Quel est l’objectif de Vaccicard ?

Lara Kotlar, porte-parole de l’AViQ : Le projet consiste à inscrire les données vaccinales dans le coffre-fort wallon, sans compliquer la vie des médecins puisque Vaccicard sera intégré à leur logiciel de gestion.

L’idée est également d’avoir une centralisation des données. Un avantage tant pour le citoyen – qui ne doit plus se rappeler où est son carnet vaccinal papier et qui a un aperçu global de ses vaccinations – et pour le médecin, qui disposera des données de vaccination à jour de ses patients.

L’origine de ce projet est le succès de Vaccinnet en Flandre ?

Lara Kotlar : Cela vient de la volonté d'avoir notre propre système. Vaccinnet a bien fonctionné pendant la pandémie de covid. Et nous nous sommes rendu compte que nous manquions d’un tel outil. Nous avons donc demandé un accord de coopération pour pouvoir pour pouvoir travailler ensemble, mais nous avions besoin de notre propre outil, connecté évidemment aux autres entités. C’est un projet d’envergure, car la volonté est d’étendre le statut vaccinal au-delà du covid-19.

L’objectif d’un tel projet est de faciliter la communication entre prestataires de soins ?

Anthony De Backer, gestionnaire de projets au sein de la Cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ : Tout à fait. La première étape du projet est de connecter les logiciels de médecine générale et hospitalière au coffre-fort du Réseau Santé Wallon. De quoi déjà permettre une communication entre médecins généralistes et spécialistes, mais aussi avec le patient.

La seconde étape est de se connecter aux logiciels des pharmacies et des spécialistes de la médecine du travail, de la médecine scolaire, etc.

Qui est concerné par le projet ?

Lara Kotlar : Tout le monde : les citoyens, les médecins, les pharmacies, les hôpitaux, l’administration et finalement les fournisseurs de logiciels.

Comment se fait la communication vers les prestataires de soins ?

Anthony De Backer : Les premiers contacts ont eu lieu avec les producteurs de logiciels en médecine générale et en médecine hospitalière. Ces derniers doivent implémenter les nouvelles fonctionnalités dans leur logiciel.

Une campagne de communication est également prévue pour informer les professionnels de santé et les citoyens. Mais cette campagne est encore en cours de préparation.

Lara Kotlar : La communication ira de l’administration vers les prestataires de soins, mais également des prestataires de soins vers l’administration. Vaccicard est un projet modulaire : nous pourrons ajouter des fonctionnalités selon les besoins et les demandes exprimées par le terrain. Vaccicard n’est donc pas un projet figé, mais propose une évolution au fur et à mesure du temps, dans le but de proposer un outil simple pour les prestataires de soins.

Anthony De Backer : Les soignants vont y gagner car il y aura une meilleure transmission de l’information entre professionnels de la santé qui ont une relation thérapeutique avec le patient.

L’objectif du projet est donc de simplifier, si je résume, les procédures d’encodage liées à la vaccination, de les standardiser afin de mieux communiquer ?

Anthony De Backer : Je dirais que l’objectif est différent en fonction du public cible. Pour le citoyen l’objectif est de lui permettre d’avoir (enfin) accès à son statut vaccinal à tout moment. Pour le professionnel de santé, c’est, comme vous l’avez dit, de faciliter la transmission d’information. Pour l’administration, l’objectif est d’avoir une bonne vision de la couverture vaccinale dans la région. Cela permettra également, après un processus d’anonymisation, de pouvoir faire des études statistiques.

Il faut bien sûr respecter les réglementations liées à la protection des données (RGPD). Un décret est en cours de préparation au Parlement wallon et devrait être adopté pour l’an prochain. Cela permettra de protéger au mieux les données des patients tant d’un point de vue technique que juridique.

Ces statistiques permettront de lutter, par exemple, contre la méfiance vaccinale ?

Lara Kotlar : Effectivement, cela nous permettra de faire face à la méfiance vaccinale, de mieux cibler les campagnes de communication, grâce à une base de données épidémiologique anonymisée qui renforcera notre propos. La pandémie de covid a malheureusement instillé le doute chez certains. Il faut continuer la sensibilisation à la vaccination.

Ces statistiques permettront également de travailler sur d’autres thématiques sur des bases scientifiques plus fiables.

Les plus-values du projet, nous les avons déjà évoquées : une meilleure communication pour les prestataires, une vue d’ensemble de son statut vaccinal pour le citoyen. Y-en-a-t-il d’autres ?

Lara Kotlar : Cela permet d’impliquer davantage encore le patient dans son trajet de soins, ou le citoyen dans son parcours de santé de manière générale. Le citoyen est acteur de sa santé : il connaît son statut vaccinal et peut en discuter avec son médecin traitant. C’est important. C’est finalement un droit d’avoir accès à ces données facilement.

Les personnes âgées vaccinées contre le covid actuellement demandent souvent la preuve de leur vaccination. Grâce à Vaccicard, elles n’auront plus besoin de se tracasser. Et cela fait moins de paperasse à gérer pour les médecins.


Rendez-vous en 2024

Quel est l’agenda de Vaccicard ? Quelles sont les étapes futures ?

Anthony De Backer : C’est un projet phasé. Le projet a commencé en phase zéro en 2022, avec la vaccination contre le virus Mpox (monkeypox, anciennement “variole du singe”) et trois hôpitaux wallons. Nous leur avons fourni une application web pour enregistrer les vaccins monkeypox.

Nous sommes aujourd’hui en plein dans les phases un et deux, qui évoluent en parallèle.
La phase un peut se subdiviser en 3 points :

  • La création d'une application web. Celle-ci est active depuis juillet. Elle permet typiquement à un médecin en déplacement, qui n'a pas accès à son propre logiciel, de pouvoir encoder une vaccination.
  • Le point le plus important: le travail nécessaire pour lier le logiciel métier au coffre-fort du Réseau Santé Wallon. C’est important pour s’assurer que l’information vaccinale est bien enregistrée sur le réseau. À côté, il faut permettre une lecture en rétrocompatibilité pour une bonne communication avec les autres entités.
  • La mise à jour du décret qui permet le bon enregistrement des données de santé en lien avec le RGPD.

En parallèle, la phase 2 a démarré en septembre et se prolongera durant toute l’année 2024. L'objectif est de rapatrier toutes les données spécifiquement liées au covid-19 actuellement sur Vaccinnet, outil qui appartient à la Flandre, vers les coffres-forts régionaux wallons et bruxellois.

Le projet étant modulaire, ces deux phases ont pour objectif de poser les bases de l’enregistrement vaccinal pour les prestataires de soins. L’outil sera utilisable dès l’implémentation dans les logiciels métiers, en 2024. Il y aura cependant beaucoup de développement dans le courant des deux prochaines années.

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