e-santewallonie : Il était question, il y a quelques années, d’ouvrir la matrice d’accès à tous les prestataires de soins. Quelle est la vision du RSW concernant ce « paradigma shift » qui ouvre par défaut le dossier du patient à tous les professionnels de santé ayant un lien thérapeutique avec le patient en question ?

Dr André Vandenberghe : L’objectif est d’arriver à un consensus national, à terme. Mais cela paraît complexe pour l’heure, bien qu'il y ait une volonté d'aboutir d'ici début 2024.

Comment expliquer ce blocage ?

Il y a eu une opposition, par exemple, de certains médecins à l’accès de certaines données par les pharmaciens. Les médecins s’étaient publiquement opposés, lors du Comité de gestion de la plateforme e-health, à ce que les pharmaciens aient accès aux antécédents et aux indications des patients, y compris les rapports d’hospitalisation.

Bloqués à la plateforme e-health, les pharmaciens sont venus discuter de la problématique au sein du Comité de pilotage du RSW. Mais nous ne pouvions pas agir. Nous ne pouvons ouvrir des accès que si la décision est consensuelle et acceptée par toutes les professions concernées. Nous avons été obligés de les renvoyer débattre au niveau national.

Aujourd’hui, cette opposition des médecins est en voie d’être levée.

Vers quoi se dirige-t-on alors ? Vers un entre-deux ?

Effectivement, ce n’est pas parce que l’ouverture à tous est impossible que rien n’est faisable. Je pense que la matrice d'accès actuelle pourrait être significativement élargie, notamment au bénéfice des pharmaciens. C’est encore à mettre au conditionnel, car la décision doit passer le seuil de quelques cénacles, mais c’est la tendance : les pharmaciens pourraient avoir accès à l’intégralité du dossier patient. La condition serait que le patient puisse avoir accès à la totalité de ses données sur le réseau pour gérer lui-même la matrice d’accès.

La matrice d’accès serait donc largement plus ouverte, mais les patients auraient la main sur les portes qu’ils souhaitent laisser ouvertes ou fermées. Une sorte d’opt-out donc ?

Exactement : par défaut, la matrice est ouverte (pas encore à tous les prestataires de soins), et le patient pourra décocher les cases qu’il veut.

C’est l’évolution fondamentale qui est envisagée.

Si cela est décidé, la solution arriverait rapidement sur le terrain ?

Je ne pense pas car cela demande des changements techniques significatifs. Il faudra du temps pour planifier ces changements.

Cela témoigne toutefois de l’ambition et de la volonté d’aller de l’avant.

Oui, nous sommes sur la voie de l’ouverture. Cela sera bénéfique pour l’échange de données, mais il faudra veiller au respect des données et de la vie privée.