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N° 75 - Janvier 2024

Interview

« 2024 est l’année des kinésithérapeutes »

Malgré les craintes, les kinésithérapeutes désirent digitaliser leur profession. Pendant longtemps, cette digitalisation était « pour bientôt », sans que l’on voit réellement les choses avancer. Mais 2024 est l’année de la concrétisation. Interview avec Fabienne Van Dooren, directrice générale de l’aile francophone d’AXXON, l’association de défense professionnelle représentative de la kinésithérapie en Belgique.


e-santewallonie : Que signifie concrètement la digitalisation pour les kinésithérapeutes ?

Fabienne Van Dooren : Actuellement, lorsque nous devons communiquer avec les organismes assureurs, que ce soit pour des demandes, des notifications de prises en charge ou autre chose, l’échange se fait encore par courrier postal.

En septembre 2023, un arrêté royal a été publié dans la nomenclature des kinésithérapeutes afin de rendre le flux électronique possible. Depuis, les échanges mentionnés peuvent donc également se faire par voie électronique.

La digitalisation signifie donc, pour les kinésithérapeutes, une simplification administrative, un moyen supplémentaire pour communiquer avec les organismes assureurs. Et à côté de cela, c’est également un moyen de partager des données avec ses pairs et avec d’autres prestataires de soins.

Il y a donc d’un côté un volet gestion administrative des prises en charge, et de l’autre côté un volet communication avec les prestataires.

C’est exact. C’est ce qui est en train de se développement actuellement : les « eAgreements » qui concernent les demandes que les kinésithérapeutes doivent faire au niveau des organismes assureurs, et la tarification électronique qui peut se décliner en eAttest et eFact. Ce sont les trois services que les logiciels sont en train de développer.

Au niveau du partage des données avec les prestataires, il est important d’expliquer aux kinésithérapeutes pourquoi le partage avec les pairs est intéressant. C’est le cas pour la continuité des soins lors d’un départ en vacances par exemple. Concernant le partage des données avec d’autres prestataires des soins, il est plus simple de passer par un logiciel métier que de se rendre sur un portail d’un réseau de santé. Cela va plus vite.

Nous en sommes encore aux balbutiements du partage des données au niveau des kinésithérapeutes. Cela doit évoluer, mais il faut pour cela dissiper les craintes des kinésithérapeutes par rapport à la digitalisation, qui sont liées, entre autres, aux contrôles de l’Inami. À cet égard, je dis toujours en formation que si l’Inami veut faire des contrôles, il le fera, digitalisation de la profession ou pas. Ensuite, il faut comprendre que si l’échange des données aide les praticiens, elle est surtout bénéfique pour le patient. Les études montrent que l’échange de données améliore la prise en charge. Ce n’est pas l’informatique en tant que telle qui est bénéfique, mais plutôt le fait de disposer d’informations qui facilitent et complètent l’anamnèse du patient. Car le patient ne pense pas toujours à tout dire au prestataire.



Quel est l’agenda ?


Connaissez-vous plus précisément le timing des développements des logiciels et de la digitalisation pour les kinésithérapeutes ?

Cela fait des années que l’on nous dit que la profession va être digitalisée. Mais, dans un premier temps, la frilosité des kinésithérapeutes, et, dans un deuxième temps, divers problèmes informatiques au niveau des mutuelles, ont freiné l’avancée des projets.

Aujourd’hui, ces problèmes sont en passe d’être résolus. Je pense que 2024 est vraiment l’année de la concrétisation pour les kinésithérapeutes. Pour l’instant, les logiciels métiers sont occupés à passer des tests au niveau du Collège intermutualiste national. Il est possible de se renseigner sur l’avancée des différents logiciels via MyCareNet et via le tableau d’e-santewallonie.

Attention, la digitalisation sera lancée, mais se digitaliser ne sera pas encore obligatoire. Il faut pour cela attendre que tous les logiciels soient labelisés, et qu’une date d’obligation ainsi qu’une période de transition – environ deux ans – soit décidée en Commission kinésithérapeutes-organismes assureurs.

Concernant le partage des données, nous attendons des nouvelles concernant l’ouverture de la matrice d’accès aux kinésithérapeutes, qui n’ont pour le moment pas accès à grand-chose. C’est une frustration pour les kinésithérapeutes qui veulent communiquer, partager, mais n’ont aucun retour. Cette discussion autour de la matrice d’accès est donc un sujet important. Il semble que les autorités donneront les clés du partage des données au patient, ce qui n’est pas insensé, puisque le patient est supposé être acteur de ses soins. Ce sera donc à lui d’octroyer, ou non, l’accès à certaines données à tel ou tel prestataire, en ce compris le kinésithérapeute. Je peux vous assurer que lorsque l’on parle avec un patient et qu’on lui explique les tenants et les aboutissants du partage des données, généralement, il accepte et cela ne pose aucun problème.

Vous vous situez finalement au même niveau que les médecins généralistes qui sont passés par ces craintes avant vous.

Exactement. Dans les formations que je donne pour e-santewallonie, c’est d’ailleurs un argument : les médecins sont passés par là. Maintenant, c’est à notre tour de mettre le pied à l’étrier. D’autant que les médecins ont balisé le terrain et vécu les maladies de jeunesse du système.

De toute manière, c’est une volonté européenne, qui dépasse largement la profession. Comme je dis toujours : nous ne pouvons plus faire marche arrière. Nous avons donc deux choix : soit prendre le train en marche, soit on ne le prend pas au risque de ne plus pouvoir, à terme, exercer la profession.



e-santewallonie pour se former


Vous mentionnez être formatrice : quel est le contenu de vos formations au sein d’e-santewallonie ?

Avec le Dr Philippe Jongen, nous expliquons d’abord les bases et le contexte de l’e-santé en Belgique, le partage des données au travers des réseaux de santé et l’utilisation de la eHealthBox. Il est utile de rappeler qu’aujourd’hui, on ne peut plus transférer de données de santé via des canaux classiques, car cela est interdit par le RGPD.

Ensuite, on se penche sur les logiciels. Que proposent-ils ? On s’intéresse également à la connexion au Réseau Santé Wallon. Nous allons pouvoir montrer les développements des différents services (agreement, facturation, tarification).

Par ailleurs, il est amusant de constater que dans la prochaine formation que je donne, il y a 47 kinésithérapeutes et 48 médecins sur 150 inscrits. Cela veut dire que même si les médecins sont plus avancés dans la digitalisation, la demande de formation reste forte.



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