Qu'est-ce que la littératie en santé digitale ? C'est la capacité à trouver des informations en matière de santé dans les sources numériques, à les comprendre, les évaluer et les utiliser, et à formuler et exprimer des questions, des opinions, des pensées ou des sentiments en utilisant des outils numériques.

Face à la littératie en santé, nous ne sommes cependant pas tous égaux. « Il faut faire attention à la fracture numérique », prévient Luc Van Gorp, président des Mutualités chrétiennes et du CIN. « Cela risque de se traduire par un manque d’accès aux soins de santé. C’est un défi pour l’Union européenne.  »

Un patient sur deux concerné

« Alors qu'on estime que 46% de la population est digitalement vulnérable, l'UE souhaite qu'en 2030, 100% des citoyens aient accès à leurs données médicales en ligne et que 80% disposent de compétences digitales de base », rapporte Luc Van Gorp.

Pour l’heure, un Belge sur deux est en difficulté concernant la littératie en santé. Quelles sont les causes ? « Il y a trois types de fractures : ne pas avoir accès à internet et aux outils numériques, ne pas aller sur internet et ne pas avoir les compétences pour utiliser les services numériques et en ligne... Nous sommes tous concernés, les compétences digitales ne sont jamais acquises, on est continuellement soumis à une nécessité de mise à jour », explique Caroline George, coordinatrice de projets à la fondation Roi Baudouin. Même les jeunes ne sont pas épargnés.

« L'environnement de santé de plus en plus digital crée de nouveaux droits et de nouvelles possibilités, mais il exige aussi une compréhension et des compétences adéquates », résume Joyce Loridan, conseillère politique sur les affaires européennes pour Solidaris. « Le renforcement de la littératie en santé digitale devrait être reconnu et consacré comme une priorité politique dans l'ensemble de l'UE. »

Que faire ?

Face à la digitalisation de l’accès aux soins, il faut redéfinir le rôle des professionnels de la santé, surtout celui des médecins généralistes qui constituent le premier point de contact santé de 74% des Belges. L’objectif ? Renforcer leurs compétences pour faire face à la mésinformation en ligne et leur permettre de mieux guider les patients vers le dossier médical informatisé. Cet objectif concerne également d’autres prestataires de soins de première ligne, tels les pharmaciens par exemple.

Des initiatives politiques sont cruciales y arriver. Bonne nouvelle : 83% des États membres de l'OMS déclarent disposer d'une stratégie nationale en matière de santé numérique. Mais, seuls 52% ont des politiques relatives à la littératie en santé digitale.

Pour les orateurs du jour, plusieurs actions sont nécessaires. Outre la promotion de l’utilisation d’informations de santé fiables, il faut garantir l’interopérabilité technique entre les logiciels des professionnels et simplifier l’accessibilité. Il faut également veiller à améliorer l’accès à une information santé de qualité et aux données de santé, mais aussi veiller à ce que les services de santé essentiels restent accessibles physiquement, pour ne laisser personne de côté.

« Le patient doit rester l'élément central de notre attention, il doit être acteur de sa santé, autonomisé et responsabilisé pour que sa qualité de vie soit meilleure. Dans un contexte numérique qui conduit à une transformation globale du système de soins de santé, les inégalités en santé doivent faire l'objet d'une attention permanente et le numérique doit être un levier pour aider le patient à activer ses droits fondamentaux », résume Mickaël Daubie, directeur général des soins de santé à l'Inami.

Source : Le Journal du médecin