Pas moins de 4 femmes sur 5 et 1 homme sur 2 ont déjà été confrontés à l’une ou l’autre forme de violence sexuelle. Pendant la période de Covid, des violences intrafamiliales se sont produites dans pas moins d’une famille sur 4. Il ressort des derniers chiffres des Centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) que la moitié des victimes qui s’y présentent sont des mineurs d’âge. Chacun et chacune d’entre nous peut être confronté un jour à la violence. Et ce, indépendamment de l’âge, du genre, de l’orientation sexuelle, de l’origine ou du niveau de scolarité. La violence peut avoir un impact très important sur la santé physique, mentale, sexuelle et reproductive des victimes, mais aussi celle de leur entourage et leurs enfants.

Les soignants sont souvent les premières personnes, mais aussi les seules, à qui les victimes peuvent s’adresser après leur expérience de violence et qui peuvent recevoir leurs signaux. Il est important que les prestataires de soins sachent comment offrir des soins centrés sur la victime après des actes de violence. Mais ils ne sont pas nombreux à l’avoir appris au cours de leur formation. Par ailleurs, les soignants ne savent pas toujours comment gérer la situation et comment réagir. Que faut-il dire ? Que faire en cas de suspicion de maltraitance ? Quels sont les soins appropriés et vers qui réorienter la victime ?

C’est pourquoi, en 2023, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke a conclu un accord de coopération avec l’UZGent, l’UGent et l’asbl GAMS, qui milite depuis 1996 contre les mutilations génitales. Ces organismes ont été chargés d’élaborer un programme de soutien intensif pour le personnel soignant et le personnel de soutien des hôpitaux et des Centres de prise en charge des violences sexuelles. Le programme de formation a été baptisé Opération Alerte et a démarré le 8 mars sous la direction de la professeure Ines Keygnaert.

L’objectif

Opération Alerte vise à aider les prestataires de soins à déceler les signaux de violence sexuelle, de violence intrafamiliale et de mutilation génitale féminine. En outre, la campagne entend fournir aux prestataires de soins et au personnel de soutien les outils nécessaires pour engager le dialogue, fournir les soins appropriés et réorienter les victimes vers des soins plus spécialisés lorsque c’est souhaitable ou nécessaire.

« Les violences sexuelles et intrafamiliales peuvent causer de graves dommages physiques ou psychologiques qui, à long terme, peuvent donner lieu à des traumatismes, des dépressions et d’autres problèmes de santé. À partir d’aujourd’hui, nos hôpitaux vont s’investir activement dans la formation de leur personnel afin de reconnaître rapidement les signaux et de pouvoir réellement aider les victimes », indique Frank Vandenbroucke.

En quoi consiste concrètement Opération Alerte ?

Opération Alerte offre au personnel hospitalier un large éventail de formations et d’outils pour contribuer à rompre le cercle vicieux de la violence. Depuis le 8 mars 2024, une campagne de sensibilisation destinée aux prestataires de soins circule et les premières formations en ligne sont disponibles sur le site www.operationalerte.be.

Les formations couvrent cinq thèmes principaux : quelles sont les différentes formes de violence et quelles en sont les conséquences, comment communiquer en cas de violence et à propos de la violence, comment prendre soin de soi en tant que soignant dans ce contexte difficile et l’importance de prendre soin de soi (il est difficile de bien aider autrui quand on a soi-même des problèmes de santé), que signifient des soins holistiques et attentifs aux traumatismes après des faits de violence et, enfin, comment fournir des soins qui tiennent compte de la diversité à des groupes vulnérables. Il existe des modules de base et des modules approfondis. Pour le personnel de soutien, il existe également un court trajet d’apprentissage sur mesure. De nombreuses autres formations en ligne pour approfondir les différents sujets seront ajoutées tout au long de l’année 2024. À partir de l’été, il sera également possible de s’inscrire à plusieurs formations en présentiel et à des webinaires.

Outre les formations, plusieurs outils de soutien, des organigrammes et des check-lists seront également élaborés. D’ici fin 2024, il y aura également un guide de dépistage de la violence sexuelle chez les personnes âgées et une boîte de psychoéducation facile à utiliser pour mieux désigner les sentiments et les comportements des patients qui ont été exposés à la violence, et les aider à se rétablir. Tous ces outils seront disponibles sur le site www.operationalerte.be.

« En luttant activement contre la violence sexuelle et intrafamiliale, nous améliorons non seulement le bien-être de la personne qui y a été confrontée, mais nous rendons aussi notre société plus sûre », conclut Frank Vandenbroucke.