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N° 78 - Avril 2024

Élections et e-santé

Que proposent les principaux partis francophones ?


À l’approche des élections, esantewallonie s’est plongé dans les programmes électoraux des six principaux partis francophones – repris par ordre alphabétique – pour découvrir les visions de chacun en termes d’e-santé. L’objectif est évidemment d’informer et non de prendre position pour l’un ou l’autre.



          



Le programme du parti des Démocrates fédéralistes indépendants (DéFI) est organisé autour de cinq axes, dont aucun, étonnement, ne mentionne la santé (refédéralisation, laïcité, liberté d’entreprendre, contrat social et développement durable). Nous n’avons ainsi décelé aucune thématique ayant trait de près ou de loin à l’e-santé ou la santé numérique dans le programme de Défi.



Le programme du parti écologiste, comme celui de Défi, s’articule autour de cinq axes dont aucun ne mentionne directement la santé : on parle davantage de concepts que de thématiques pour aller vers une société plus verte, plus juste, plus émancipatrice, plus égalitaire et ouverte ou encore plus démocratique.

C’est dans la thématique « Une société plus juste » que l’on retrouve le droit à la santé et le seul véritable objectif des Verts ayant trait à la santé numérique et l’e-santé: garantir l'accès du citoyen à ses propres données de santé, ainsi que leur bonne gestion lorsqu'elles sont partagées. « Nous plaidons pour un système dans lequel chaque citoyen·ne dispose d'un accès effectif à ses données de santé, sous forme électronique et, si nécessaire, sous format papier. Chaque citoyen·ne peut les partager avec le personnel soignant (y compris au niveau transnational) dans le seul cadre d’une relation thérapeutique. Les données ainsi recueillies ne peuvent être utilisées dans un but commercial et des mesures techniques et légales doivent garantir cette situation. Chaque citoyen·ne doit avoir le contrôle sur les données partagées et sur les relations thérapeutiques créées dans le cadre du dossier informatisé. »



Les Engagés font de l’e-santé un de leur huit axes de travail en santé. «  Avec l'avènement des smartphones, des objets connectés et des plateformes en ligne, l'e-santé a le potentiel de transformer radicalement la manière dont les citoyens gèrent leur santé et la manière dont les soins de santé sont fournis et reçus. »

Les Engagés soulignent les avancées que constituent le Dossier médical global (DMG) et la prescription électronique (Recip-e), initiatives mises en place pour faciliter la coordination des soins et améliorer l'efficacité du système de santé. «  Cependant, malgré ces avancées, la Belgique, comme d'autres pays européens, est confrontée à des défis pour intégrer pleinement l'e-santé dans son système de santé », estime le parti centriste.

Si l’intérêt de l’e-santé pour le citoyen, pour renforcer la place qu’il occupe dans la gestion de la santé, est majeur, Les Engagés n’oublient pas ses dimensions éthiques. Les nouvelles technologies «  ne sont pas là pour remplacer l’humain, mais pour apporter de la valeur ajoutée pour les patients. Elles doivent être validées, sécurisées et sûres, se baser sur des données scientifiques robustes et de qualité, et utiliser des algorithmes clairs et justes. Un arsenal réglementaire doit être développé pour baliser leur utilisation, pour garantir la qualité et pour maintenir la protection des données sensibles que sont les données de santé. »

Selon Les Engagés, le développement de l’e-santé doit notamment porter sur :

  • Un dossier informatisé patient unique sur tout le pays reprenant l’ensemble des informations de santé ;
  • Des applications innovantes à valider et à reconnaitre pour améliorer le suivi des patients chroniques, mais aussi en matière de prévention ;
  • La télémédecine, les lits d’hôpital virtuels (avec sortie plus rapide de l’hôpital et suivi à domicile), les dispositifs portables de télésurveillance de patients chroniques ;
  • L’intelligence artificielle pour aider les prestataires de soins au diagnostic et à la décision ;
  • La formation des acteurs de la santé aux outils numériques ;
  • L’investissement dans la cybersécurité.



Le Mouvement réformateur ne propose pas, per se, d’e-santé ou de santé numérique. Le parti parle davantage d’innovation médicale, dans laquelle il range les nouvelles technologies médicales, les soins de santé mobiles et l'informatique qui « permettent d’améliorer et de décloisonner les dossiers des patients ».

« La télémédecine et les applications de santé mobile sont en pleine progression. La crise sanitaire du Covid-19 a donné un coup d’accélérateur à leurs développements. Les services et interactions entre les fournisseurs de soins et les patients se fluidifient grâce aux GSM, smartphones et tablettes. Les possibilités en matière d’information médicale n’ont jamais été aussi importantes », indique le MR.

Pour le parti libéral, la santé mobile offre une partie de la solution aux défis auxquels les soins de santé sont confrontés. « La santé mobile contribue en effet à des soins personnalisés plus ciblés sur les patients, améliore la prévention et rend simultanément le système de soins de santé plus efficace, tout en allégeant la pression financière sur le système de santé. »

Quant à l’intelligence artificielle (IA), elle peut améliorer le management des hôpitaux, en libérant du temps de travail pour le personnel médical et infirmier. « Elle peut aider au tri des patients en urgence ou entre hôpitaux, ainsi qu’à la gestion du 1733 pour réorienter les patients. L’IA peut aussi aider à mieux cibler les politiques innovantes de santé. Elle peut accélérer et préciser les diagnostics, notamment pour des maladies complexes comme les tumeurs. Elle s'intègre au Dossier Patient Informatisé (DPI), offrant une vue d'ensemble. Son intégration dans les hôpitaux pose évidemment des défis, notamment la gestion des données médicales sensibles, la formation des professionnels de la santé et la résistance au changement du personnel. De surcroit, l'intégration de l'IA doit être réfléchie et éthique. La confiance envers l'IA, son acceptation et son adhésion sont indispensables pour l'avenir de la santé. Nous devons donc investir dans la recherche et le développement de technologies d'IA et encourager les startups et les universités à travailler sur des innovations dans ce domaine au même titre que d'autres pays européens. »

Dans ce but, le MR veut consacrer un budget spécifique au lancement de projet pilotes visant à implanter des innovations technologiques dans les hôpitaux. C’est là la seule proposition du parti en matière d’e-santé, mais elle ne concerne malheureusement pas la première ligne.



Le Parti sociale consacre 4 des 1220 pages (!) de son programme à la santé numérique. Dans ces pages, le parti estime que « l'informatisation dans les soins de santé ou eSanté est bien amorcée et doit conduire en tout premier lieu à l’amélioration de la qualité et de la continuité des soins par un partage de données de santé entre prestataires de soins ». Voici les cinq principaux points du programme du PS en matière d’e-santé :

  • 1.
    Le PS met l’accent sur le partage, qui est « d’autant plus important que le développement progressif des soins intégrés et des nouveaux dispositifs d’organisation de la première ligne de soins va entraîner des besoins importants en termes de construction de système de données de management populationnel et de délivrance de celles-ci aux prestataires de soins. »

  • 2.
    Si le nombre de documents partagés est en augmentation, « il convient d’être attentif à la qualité de ceux-ci. Ce constat a pris une dimension toute particulière lors de la crise du Covid-19 où bon nombre d’urgentistes se sont retrouvés confrontés à des dossiers de patients relativement incomplets ou non actualisés. Les formations et l’accompagnement des prestataires peuvent être une partie de la réponse. »

  • 3.
    Le PS met également l’accent sur la protection des données de santé. « Il est important de leur assurer une cyber protection forte afin de prévenir toute fuite ou exploitation malveillante », estime ainsi le parti. Le parti rappelle ainsi l’importance du consentement éclairé, de la relation thérapeutique et indique sur les données de santé « ne sont et ne seront jamais accessibles aux autorités de l’État ».

  • 4.
    Une attention particulière est portée à la fracture numérique, « enjeu crucial afin que l’eSanté n’accentue pas les inégalités sociales qui traversent notre société ».

  • 5.
    Le PS souligne enfin le rôle de l’e-santé dans la simplification administrative « que ce soit en termes d’automatisation des droits, de collecte unique de données, de réduction de déplacements inutiles en vue de fournir toute sortes d’attestations ou formulaires administratifs liés à la santé ou encore la diminution substantielle des délais de traitement de diverses demandes ».

Trois propositions retenues du PS :

  • 1. Mettre en place un tableau de bord des données de santé à destination de la Wallonie et des futures organisations de santé locale.
  • 2. Soutenir et améliorer l’accès de tous les praticiens aux technologies digitales de santé.
  • 3. Développer des formations pour les professionnels de la santé.



Rien sur la e-santé ou la santé numérique dans le programme du Parti du travail de Belgique, même en se référant à Sam, l’intelligence artificielle spécialement conçue pour guider à travers le programme. Le PTB se concentre, concernant les soins, sur la pénurie, l’accessibilité des soins, des médicaments, la santé mentale et la prévention.

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