Congrès
CMG: Le premier Congrès de médecine générale
Collaborer, un enjeu essentiel
Le Collège de médecine générale (CMG) organisait en novembre 2024 le premier Congrès de médecine générale. L’événement a rassemblé plus de 400 professionnels de soins, essentiellement médecins généralistes, mais pas uniquement. Logique, puisqu’il était également question de première ligne au sens large, avec de nombreux ateliers sur le partage de tâches et la collaboration entre professionnels de soins.
Parmi les ateliers intéressants, mentionnons en premier lieu celui sur la collaboration entre médecins généralistes, pharmaciens et infirmiers. Cette collaboration est devenue un enjeu majeur dans le domaine des soins de santé primaires. Face à une demande croissante d'efficience et d'accessibilité, le partage des tâches et des responsabilités est une nécessité.
Un enjeu et un débat Le Dr Paul De Munck, ancien président et vice-président de la Plateforme de la première ligne wallonne (PPLW), mais aussi ancien président du Groupement belge des omnipraticiens (GBO), a animé un débat avec Alain Chaspierre, directeur général de la Société scientifique des pharmaciens francophones, Marie Paquet, infirmière à domicile en région liégeoise et le Dr Laetitia Buret (ULiège), qui a défendu une thèse sur l’interdisciplinarité en santé. Ensemble, ils ont partagé leurs réflexions, mettant en avant à la fois les défis et les opportunités de la collaboration.
Paul De Munck a ouvert la discussion en soulignant l'importance de ce débat. « Nous sommes à un tournant où le partage des tâches n'est plus une option, mais une nécessité pour améliorer notre système de soins », affirme-t-il. En effet, la répartition des tâches entre médecins, pharmaciens et infirmiers est devenue une priorité politique, visant à renforcer la cohésion et l'efficacité des soins de première ligne. Cependant, cette réorganisation suscite des inquiétudes parmi les médecins qui voient certains de leurs rôles traditionnels confiés à d'autres professionnels.
Les pharmaciens, acteurs de soins primaires
Le pharmacien Alain Chaspierre a mis en lumière l'évolution du rôle des pharmaciens au cours des dernières décennies. « De préparateurs de médicaments, nous sommes devenus des prestataires de soins à part entière », explique-t-il. Les pharmacies offrent désormais une gamme de services, y compris la vaccination et les entretiens de bon usage des médicaments (BUM), qui visent à améliorer l'adhésion thérapeutique et à réduire les hospitalisations dues à des problèmes iatrogéniques. Cette transformation est soutenue par un système de rémunération axé sur les services plutôt que sur le simple acte de délivrance, soutient Alain Chaspierre.
Le rôle crucial des infirmiers
Marie Paquet a abordé les changements récents dans les pratiques infirmières. « Depuis 2022, nous pouvons effectuer certains actes sans prescription médicale, comme les soins de plaies simples, ce qui nous confère une plus grande autonomie », déclare-t-elle. Cependant, malgré cette autonomie accrue, des obstacles subsistent, notamment l'accès aux prescriptions pour certains traitements, ce qui limite parfois leur capacité à agir de manière proactive. La communication avec les médecins reste cruciale pour assurer une continuité des soins optimale.
Considérations théoriques sur la collaboration
Laetitia Buret a apporté un éclairage théorique sur la collaboration interprofessionnelle. Elle distingue trois concepts clés : le partage, la délégation et le transfert de tâches. « Le partage implique que plusieurs professionnels peuvent réaliser un même acte, comme la vaccination. La délégation suppose que la responsabilité reste avec le professionnel qui délègue, tandis que le transfert signifie une autonomie complète pour celui qui réalise l'acte », précise la chargée de cours de l’ULiège. Ces distinctions sont essentielles pour clarifier les rôles et éviter les conflits dans la pratique quotidienne.
Défis et opportunités de la Collaboration
Forts de ces trois présentations, les personnes ayant participé à l’atelier (médecins, infirmiers, psychologues, etc.) ont, par petits groupes, discuté des défis et des opportunités de la collaboration. Les discussions ont révélé que, malgré les tensions initiales, il existe un potentiel significatif pour améliorer la qualité des soins grâce à une approche collaborative. « C’est avant tout le plaisir de travailler qui est ressorti. Un plaisir qui dépasse les craintes », se réjouit Paul De Munck. Pour la majorité, la répartition des tâches présente des avantages, comme la possibilité de libérer du temps.
Toutefois, cette transition ne va pas sans défis, notamment la gestion des craintes liées à la perte de pouvoir et d'identité professionnelle. Pour que cette collaboration interprofessionnelle soit perçue comme positive, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de communication efficaces et de clarifier les rôles et responsabilités de chacun. « En travaillant ensemble, nous pouvons améliorer la qualité des soins et répondre de manière plus holistique aux besoins des patients », conclut le Dr De Munck. L'introduction de technologies numériques pour faciliter l'échange d'informations et l'organisation de réunions interprofessionnelles régulières font partie des pistes explorées pour renforcer cette coopération.
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