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N° 43 - Septembre 2020

Se parler, au profit de la qualité

LE SYLOS, COURROIE DE TRANSMISSION

Les Sylos - pour « systèmes locaux de santé » - visent à améliorer la coordination entre hôpital et médecins généralistes, et plus largement première ligne de soins. Qui dit efforts de coordination, dit nécessaire communication. Démonstration avec le Sylos de Malmedy, plus de 20 ans d’âge au compteur, mais pas une ride dans les objectifs : doper la qualité de la prise en charge du patient en se concertant.


Les Sylos peuvent être définis comme des espaces de concertation structurés entre la 1ère ligne de soins et le monde hospitalier. Des acteurs de chaque « camp » s’y rencontrent régulièrement pour faire émerger des solutions communes à des situations identifiées comme perfectibles. Et avec bonheur, comme en témoigne ci-dessous le Dr Alberto Parada, participant de la première heure du Sylos de Malmedy, lancé en 1997 (lire encadré). Lui fait partie des émissaires de la médecine générale du coin. Le principal interlocuteur est le CHRAM, le Centre hospitalier Reine Astrid de Malmedy. Et depuis une dizaine d’années, la première ligne est venue se greffer sur l’axe originel généralistes/spécialistes.

D’après notre interlocuteur, le Sylos constitue à l’échelon local une courroie de transmission efficace et bien huilée. Une courroie de ‘transition’ , pourrait-on écrire, des patients entre les lignes de soins, qui minimise les ruptures et discordances.

Des canaux privilégiés

Il y a toujours une dimension ‘communication’ aux sujets débattus dans un Sylos. Quelles réponses Malmedy a-t-il apportées à ce souci récurrent ? « On a créé des mémos papiers, copies carbone puis courriels (et SMS, WhatsApp…) pour les échanges entre médecins et des canaux téléphoniques privilégiés. La centrale de l’hôpital, par exemple, nous identifie comme généralistes lorsqu’on appelle et la communication devient prioritaire », explique le Dr Parada.

L’informatique et l’e-santé amènent-elles une plus-value dans la circulation de l’info? « On utilise le Réseau Santé Wallon. Il y a une volonté claire de le promouvoir, tant en 1ère qu’en 2ème ligne. On sensibilise les patients à l’inscription, dans les cabinets. Les spécialistes se chargent de mettre les documents à disposition sur le Réseau dans de bons délais, et de notre côté, nous essayons d’exporter un maximum de sumehrs. Pour ce qui est des radios, on peut les consulter quasi instantanément sur le serveur de l’hôpital, via des hyperliens dédiés. »


Coup de projecteur sur une expérience pionnière

Le Sylos de Malmedy a trouvé dans la mentalité de cette région rurale un terreau fertile, indique Alberto Parada. « Par ici, les gens se connaissent. Cela a fortement joué sur les relations qui se sont tissées. » Lancé en 1997, subsidié pour 5 ans en 1999 dans le cadre d’une recherche-action, le Sylos a continué en volant de ses propres ailes, en mode bénévole.

Le Centre hospitalier Reine Astrid de Malmedy (CHRAM), impliqué dès le début, offre un toit aux réunions. « Cette année, le corona a perturbé le calendrier. Mais normalement, on se voit 7 à 8 fois par an, avec une pause durant l’été, les fêtes. » Les rencontres rassemblent, énumère le Dr Parada, « des médecins de différents services hospitaliers, la direction de l’hôpital, la direction médicale - une participation qui a influé sur l’adhésion des spécialistes -, la responsable du nursing, et, côté 1ère ligne, la médecine générale, avec les émissaires mandatés par les trois anciens secteurs de garde de l’hinterland de l’hôpital (*), des représentants des infirmières indépendantes, des MR(S), des coordinations et services de soins, etc. S’y ajoutent des invités, ‘experts’ d’un thème. Ils diffèrent en fonction de l’ordre du jour. »

Dans l’intérêt des patients communs

De quoi celui-ci est-il fait ? De points identifiés comme perfectibles dans une optique d’amélioration de la prise en charge des patients communs. « Le Sylos a pour le CHRAM un petit côté ‘vitrine’ où exposer les dernières initiatives. Mais, essentiellement, on réfléchit ensemble à des procédures pour résoudre ou éviter certaines situations ayant posé question. Par exemple, on a convenu que l’hôpital éviterait les sorties non préparées le vendredi après-midi et que le patient disposerait toujours, le temps de pouvoir consulter son médecin traitant, de médicaments et de prescriptions de soins infirmiers pour 2-3 jours. Et d’un rapport de sortie provisoire, aussi, pour le médecin de famille, en attendant la version complète. Dans l’autre sens, les spécialistes n’appréciaient pas de recevoir une demande d’hospitalisation sans disposer de détails. Les généralistes veillent donc à leur passer un coup de fil préalable qui précise les attentes et disponibilités envisageables. »

La recherche de procédures communes se passe d’autant mieux, ajoute le Dr Parada, qu’un modérateur extérieur – « Jean van de Vennet, un sociologue de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, avec une expertise des Sylos en Amérique latine » - fluidifie les séances du Sylos et fédère tout le monde autour de l’objectif de qualité et de continuité des soins.

Plus confortable pour tout le monde

Cet objectif se traduit parfois par des opérations préparées de concert. Ainsi le Sylos a-t-il produit, après concertation entre spécialistes et généralistes locaux, une fiche mémo antibiothérapie à glisser dans les carnets d’ordonnance des seconds, pour une prescription d’antibiotiques extrahospitalière consensuelle. Il a créé des affiches, également, d’éducation de la population au bon usage des services d’urgence (versus la garde de médecine générale et le 1733).

Si la 1ère ligne locale cultive donc ses rapports avec le CHRAM, « nous ne sommes pas non plus ‘inféodés’ à ce seul établissement. Nos relations sont bonnes avec tous les réseaux hospitaliers de la région », précise Alberto Parada. « Le Sylos engendre des rapports très respectueux, empreints d’une volonté d’être constructif. Cela donne quelque chose de plus structuré, de plus organisé, en somme de plus confortable et convivial pour tout le monde. Les (nouvelles) technologies et communications innovantes y ont leur place, et c’est l’un des objectifs prioritaires sur la route du Sylos. »

(*) le cercle local est l’Agef, l’Association des généralistes de l’Est francophone de Belgique, desservant l’arrondissement de Verviers. Dans l’hinterland du CHRAM, on trouve essentiellement les groupements des généralistes de Malmedy, Stavelot, Stoumont, Trois-Ponts et Waimes.

Pour le Dr Jean-Luc Belche, auteur d’une thèse sur l'intégration des lignes de soins, le numérique apparait comme un plus pour doper la communication entre participants d’un Sylos. Le RSW est ‘le’ point de jonction envisageable entre les lignes.

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