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N° 81 - Septembre 2024

« La communication entre les prestataires de soins est capitale »

Mickaël Daubie, directeur général du service des soins de santé de l’Inami, a planté le décor institutionnel des soins de santé. Ses ambitions : davantage de multidisciplinarité, de communication entre prestataires de soins, au service du patient, central. Il admet que certains projets liés à la e-santé sont un échec, et plaide pour « avoir un vrai partenariat entre le terrain et les administrations ».

Mickaël Daubie salue d’abord l’initiative de la PPLW de mettre les prestataires de soins autour de la table pour se parler, se comprendre parfois. Il a présenté le paysage de la santé par le prisme de trois acteurs : le patient, le prestataire, et le coordinateur.

L’acteur principal

L’acteur principal de notre système de soins, c’est le patient. « Les 42 milliards d’euros du budget fédéral dévolus aux soins de santé ne devraient avoir qu’une vocation : maintenir la santé du patient. Les patients doivent avoir de plus en plus de place dans le système de soins. » Mickaël Daubie prévient cependant que si les soignants ont une responsabilité envers le patient, le patient a également une responsabilité vis-à-vis de lui-même. « Il doit aussi prendre des engagements par rapport à sa propre santé. »

Cependant, les conditions ne sont pas réunies pour que le patient puisse pleinement jouer son rôle. « Personnellement, je plaide depuis longtemps pour un plan Marshall au niveau de la littératie en santé : on doit investir beaucoup plus. Nous sommes défaillants dans ce domaine. C’est d’autant plus important qu’il y a une dépendance entre l’éducation que l’on donne aux patients et les résultats de notre système de santé. »

Autour du patient

Les professionnels de l’aide et du soin sont, pour Mickaël Daubie, au service du patient. Pour de meilleurs soins, une nécessité : la multidisciplinarité. « La communication entre les prestataires de soins est capitale. Et pour l’instant, on ne peut pas dire que l’e-santé en Belgique soit un succès extraordinaire. On investit des moyens, mais cela n’est pas suffisant. Nous avons encore beaucoup de progrès à faire, notamment pour communiquer entre systèmes. »

La communication passe également par un plan de traitement et des objectifs de soins, selon le DG soins de santé de l’Inami. « Il faut avoir, autour des patients qui le nécessitent, un plan de traitement. Les besoins du patient doivent y être traduits en objectifs de soins. Cela me paraît important. Nous réfléchissons à un système qui obligerait les prestataires à suivre ce plan de traitement. Mais nous devons pour cela disposer d’outils de communication performants. »

Enfin, au-delà de la communication, il faut de la concertation entre les autorités et les prestataires de soins. « Il faut avoir un vrai partenariat entre le terrain et les administrations. On ne sait rien faire sans vous. On a besoin d'entendre ce qui se passe sur le terrain. On a besoin de ce partenariat pour trouver les meilleures façons d'améliorer la prise en charge des patients. Cela doit rester notre phare. »

Qui pour coordonner ?

Le rôle de coordinateur est désiré, « à raison », estime Mickaël Daubie, par les médecins généralistes. « On leur confie souvent ce rôle à travers de nombreuses initiatives. » Mais certains projets – Covid long, hospitalisation à domicile (HAD), convention obésité chez les enfants adolescents – ne fonctionnent pas.

Conclusion, Mickaël Daubie se demande si endosser le rôle de coordinateur des soins est une solution tenable pour les médecins généralistes. « Est-ce raisonnable, réalisable ? », demande-t-il. « Ne devrait-on pas, parfois, confier le rôle de chef d’orchestre à d’autres acteurs ? Est-ce que dans certains cas, ce rôle ne peut pas être endosser par un ergothérapeute, une infirmière ? »

Travailler ensemble

Pour conclure, Mickaël Daubie estime qu’il faut dépasser la notion de ligne et parler d’intégration dans les soins. « Nous devons travailler ensemble. Les définitions de la première ligne et de la deuxième ligne s’estompent peu à peu. Je pense que l’intégration est la réponse, le modèle dans lequel nous souhaitons investir autour du patient, avec des moyens de communication efficaces. Pour y arriver, il reste une étape à franchir : déconstruire la notion de lignes et travailler tous ensemble. »



L’Aviq en trois projets

Brigitte Bouton, inspectrice générale du département santé de l’Aviq, a centré sa présentation sur trois initiatives concrètes que l’Aviq mène en Wallonie pour rapprocher les acteurs de soins.

D’emblée, Brigitte Bouton affirme que la vision de l’Aviq est cohérente avec celle du Fédéral et des autres entités fédérées. « Nous avons appris des leçons du Covid. Aujourd’hui, la vision des soins et de la prévention est holistique », explique l’intéressée.

C’est forte de cette vision que l’Aviq, en collaboration avec d’autres instances, multiplie les initiatives dont certaines font la part belle à la collaboration multidisciplinaire. « On peut parler du trajet de soins intégrés pour les 1.000 premiers jours qui est fondé sur un protocole d’accord conclu en conférence interministérielle santé et qui va devenir un accord de coopération. Cela veut dire, dans le jargon, que cela impose un changement de modèle dans l’organisation des soins de santé. Le Quintuple aim est au sein de la démarche. Cela veut dire que le trajet de soins articule 1ère et 2e ligne avec une vision à la fois horizontale et verticale. J’insiste également sur le fait que les administrations des différentes entités du pays se parlent entre elles également. »

D’autres projets concrets sont également sur la table, à l’instar des fiches de liaison gériatrique. « Pendant la crise Covid, de nombreuses personnes âgées n’ont pas été emmenées en ambulance par les services d'urgence pour les diriger à l'hôpital. Pour toutes sortes de raisons et notamment parce que leur état était trop dégradé, parce qu’il n’y avait pas de déclaration anticipée de fin de vie, ou encore parce qu’il n’y avait pas de place dans les hôpitaux. Il y a eu une commission parlementaire à ce sujet, et une centaine de recommandations ont été émises. L’une d’elle était d’avoir un échange d’informations structurées pour accompagner au mieux le patient dans son trajet entre hôpital et MRS. Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, car il y a encore un contenu beaucoup trop conséquent qu’il faut réduire. »

Proxisanté

Dernier dossier et non des moindres, Proxisanté. Brigitte Bouton abonde dans le sens du ministre et rassure : « Le cabinet et le ministre en personne ont affirmé à l’Aviq leur volonté de continuer Proxisanté. Cependant, ils désirent des actions concrètes. Pour l’heure, Proxisanté est un décret-cadre, un soutien qui permet de légiférer sur des matières touchant l’organisation de la première ligne sans textes illisibles et non maitrisables. C’est un vaste projet de simplification administrative centré sur les besoins de la personne, qui découpe le paysage des soins en trois niveaux (régional, méso et micro). Des objectifs prioritaires de santé ont également été fixés, fondés sur le management populationnel, articulés avec les objectifs de santé fédéraux. C’est aussi un heritage de la crise covid. »



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