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N° 81 - Septembre 2024

Deux lignes, une vision : l’intégration

Les Drs Jean-Luc Belche, professeur au département de médecine générale de l’ULiège, et Ahmed Goubella, directeur médical adjoint à Epicura et médecin-chef du site de Ath, ont présenté leur vision pour une meilleure coopération entre les lignes de soins. Pour les deux médecins, cela passera par l’intégration.

Jean-Luc Belche, au contraire de Mickaël Daubie plus tôt, défend la séparation des lignes de soins, « à condition qu’elles soient fortes, structurées, mais aussi et surtout intégrées. Sans intégration, sans complémentarité, c’est la fragmentation de l’offre de soins, c’est la situation que nous vivons actuellement, c’est-à-dire un système qui n’est pas véritablement organisé. »

Pour le Dr Belche, il faut une structuration territoriale, des endroits de concertation au niveau méso pour que les lignes se parlent. « Les lignes de soins ne se connaissent pas. Il y a une méconnaissance professionnelle et organisationnelle. Il faut travailler sur la connaissance que l’on a de chacun, et se mettre d’accord sur les collaborations possibles. Ce n’est qu’alors que l’échange d’informations peut être pertinent et utile. Sinon, il y a une perte d’énergie folle. »

Le généraliste liégeois termine par des pistes d’action. « Il faut clairement définir le rôle de chacun, autant au sein de la 1ère ligne et la 2e ligne. J'insiste sur le fait que si l’on différencie, il faut intégrer. Non pas en tenant compte de ce qu’est la médecine aujourd’hui, mais de ce qu’elle sera dans dix ans. Ensuite, il faut une structuration au niveau méso des deux lignes de soins, afin qu’elles se parlent et ouvrir des opportunités de collaboration. »



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Ahmed Goubella s’inscrit dans cette démarche d’intégration des soins. « C’est la réponse à apporter pour collaborer entre les lignes », explique le nouveau médecin-chef du site d’Ath. « Chacun a un rôle, un rôle qui doit être défini. Un rôle qui doit être coordonné. Avec au centre, le grand gagnant : le patient. »

Prenant un cas concret, vécu, il raconte comment un séjour hospitalier suivi d’une hospitalisation à domicile peut mal se passer sans communication entre les lignes de soins. Sans aborder la question de la responsabilité, Ahmed Goubella parle d’une « insatisfaction globale et légitime ». « Il y a des problématiques dans le cadre général de l'articulation des lignes de soins. Il y a des problèmes de communication au sens large, des soins fragmentés, un manque de clarté, de la concurrence entre prestataires aussi. »

Sa solution pour « rassembler » les lignes de soins ? « Communiquer entre professionnels de soins, mais également avec les autorités. Parlons de l’offre de soins, demandons l’aide de l’autorité. Il y a des politiques globales à développer, des politiques locales, des politiques régionales, des politiques nationales qui peuvent entrer dans le cadre de la collaboration, de l'intégration et de la planification. »

« Ce qui manque dans notre pays, c'est un plan général de santé. Un plan transversal qui n'est pas limité à quatre ans, qui n'est pas limité à une mandature. Nous avons besoin d’un plan qui court sur 20 ou 25 ans, avec un axe fort sur la prévention. Cela n’existe pas à l’heure actuelle. Il nous faudrait un haut-commissaire au plan en santé qui ne varie pas en fonction des aspirations politiques. »

Quid des soins à domicile ?

Élise Verschooren, infirmière en chef pour l’Aide et soins à domicile (ASD) en province de Namur, a partagé trois points d’attention concernant l’hospitalisation à domicile en particulier (HAD).

« Premièrement, il est important de bien former les infirmières de terrain pour une bonne qualité des soins et une bonne sécurité des soins. Cela permet en outre aux équipes hospitalières d’avoir davantage confiance », explique Élise Verschooren.

« Deuxièmement, il faut insister sur l'importance d'avoir une checklist partagée pour une prise en charge harmonisée. À Namur, nous avons par exemple co-construit une checklist avec les Cliniques St-Luc et Mont Godinne. » Cela permet une meilleure communication entre les soins à domicile, les médecins généralistes et les hôpitaux.

Le troisième et dernier point d’attention concerne le travail à réaliser pour obtenir la confiance entre les infirmières de terrain, les hôpitaux et les médecins généralistes, en l’occurrence sur l’HAD. « Les professionnels de l’art infirmier vont au domicile des patients tous les jours. Ils savent donc ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Il est important de donner la voix aux infirmières de terrain et aux médecins généralistes dans le choix d’une HAD. »





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